En refusant de retirer la liste PS au second tour des élections régionales du Grand Est (Alsace – Champagne-Adrenne – Lorraine), le chef de file socialiste prend un énorme risque pour sa grande région : celui de voir le FN Florian Philippot la diriger pendant 6 ans. En effet, en cas de triangulaire, le mode de scrutin donne automatiquement à la liste arrivée en tête la majorité absolue des sièges.

Un calcul étriqué, mais pas impossible

Le calcul de Jean-Pierre Masseret pourrait être le suivant : miser sur un reflux léger du FN au second tour, comme ça a souvent été le cas dans l’Est lorsque le parti d’extrême-droite a fait un carton au premier tour. En effet, il arrive régulièrement qu’une partie des électeurs veuillent envoyer un signe au premier tour, tout en « retournant au bercail » au second.

Ce calcul, extrêmement dangereux, reste néanmoins dans le domaine du possible : avec 36 %, Florian Philippot n’a que peu de marge d’avance sur la « barre » des 33% qui lui assurerait la victoire : un simple recul de 3 points et le voilà automatiquement second.

La dynamique de gauche ?

Enseignement que Jean-Pierre Masseret a certainement dû analyser : lors des deux précédents scrutins, il a toujours réussi à faire mieux au second tour que la somme des votes de gauche du premier tour. Et il compte bien miser là-dessus. Mais les rapports de force du 1er tour se résument ainsi :
– FN 36%
– Gauche 27%
– Droite 31%
– Divers 6%

Le retard de la gauche semble donc très, très important, et la dynamique difficile à mettre en avant : avec un score extrêmement faible, sous les 20% au premier tour, sans le soutien des autres listes de gauches (EELV et FDG), sans le soutien de son parti, sans le soutien d’une partie de ses colistiers, ce qui aurait été possible autrement devient réellement très compliqué ici.

La stratégie de Jean-Pierre Masseret aurait pu fonctionner s’il avait pu réunir au moins 20%, si le FN avait été plus proche des 33%, mais ici, il fait office de forcené qui prend un risque immense pour la région, même si son attitude suscite quelques adhésions.