Il y a tout juste un an, je faisais, à l’invitation de Juan Sarkofrance, une rétrospective de l’année… à venir. Petit jeu de prospective, cet exercice m’a permis de me projeter dans l’année 2013 et d’essayer d’anticiper les grandes tendances. Lorsque je regarde en arrière, il faut le reconnaître : je me suis globalement planté, mais pas tant que ça.
Quand 2012 s’est terminée, nous étions en pleine crise, le chômage flambait et la croissance était proche de zéro. François Hollande et son gouvernement étaient très impopulaires et des célébrités fortunées s’exilaient fiscalement vers la Belgique et la Russie.
Fin 2013, il faut dire que les choses n’ont pas réellement changé : François Hollande est toujours impopulaire, mais un peu moins. Pourtant rien ne lui a été épargné : les complaintes de riches célébrités sont toujours aussi bruyantes et font toujours la une des hebdomadaires nationaux. Le mariage pour tous est passé, et aucune hausse d’impôt n’a été décidée pour 2014. C’était une promesse du Président.
François Hollande est toujours impopulaire, c’est vrai. Mais il l’est un peu plus encore, chose que je ne pensais pas possible à l’époque ! Si le mariage pour tous est bien passé, ce fut dans la douleur avec une opposition acharnée qui n’a toujours pas totalement baissé les armes. Et des hausses d’impôts, il y en a eu, le Gouvernement rompant ses promesses les unes après les autres.
Du côté de l’économie, 2013 apporte l’espoir : alors que le Gouvernement avait tablé sur une croissance de 0,8 % pour faire son budget, voilà qu’elle atteint finalement 1,0 %, ce qui lui permet même de faire un peu mieux que les 3 % de déficit prévus dans la loi de finance. La courbe du chômage s’est stabilisée au quatrième trimestre à 11,5 %, laissant entrapercevoir un reflux en 2014. Le Gouvernement considère que son pacte de compétitivité est déjà en train de prouver son utilité, mais l’amélioration (légère) de la situation économique est plutôt liée à la situation internationale, selon les spécialistes.
Si beaucoup clament que la reprise est là, elle est très timide, et 2013 fut une mauvaise année. La croissance devrait avoisiner les 0,5 %, soit moins que les espoirs du Gouvernement un an plus tôt. Du coup les objectifs de réduction du déficit ne sont pas tenus. Côté chômage, j’ai vu juste : la courbe est stabilisée, mais pas inversée.
En Allemagne, Angela Merkel a de nouveau gagné les élections, mais a dû composer une majorité avec les socio-démocrates, ce qui a quelque peu infléchi sa politique européenne. Les politiques d’austérité sont de plus en plus remises en cause, et la stabilisation de la situation en Grèce via l’abandon par les États européens d’une partie de sa dette a permis une amélioration globale des conditions d’emprunt des pays européens.
J’ai plutôt bien anticipé l’actualité politique en Allemagne, avec cette nouvelle Grande coallition entre les sociaux-démocrates et les conservateurs d’Angela Merkel. Sa politique sera bien infléchie, avec quelques concessions faites au SPD, comme un salaire minimum. La dette des pays européens a bien été renégociée, même si c’est à la marge, et même si les Grecs continuent de souffrir dans le silence.
La confiance retrouvée des acteurs financiers dans les obligations d’État les a un peu détournés des placements réputés sûrs, comme l’immobilier, ce qui a amorcé une baisse spectaculaire des prix des logements anciens et neufs en Île de France. Ce début d’éclatement de la bulle immobilière a donné un peu d’air aux ménages français.
Si l’immobilier a baissé en 2013, c’est très légèrement. La bulle immobilière n’a pas encore commencé à éclater. Peut-être en 2014 ?
Rendez-vous jeudi pour le même exercice réalisé sur… 2014 !
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