Les médias sont de plus en plus tentés d’illustrer n’importe quel sujet d’actualité par des sondages. Jusqu’au plus haut niveau de l’État, nos élus sont à la fois terrorisés et fascinés par les résultats de ces consultations d’échantillons représentatifs de la population, au point que le prédécesseur de François Hollande a dépensé des millions d’euros d’argent public pour savoir s’il avait ses chances en 2012, ou si l’image de Carla Bruni pourrait lui servir dans ses prochaines échéances.
Cette omniprésence médiatique des instituts de sondage soulève la question de leur rapport avec la démocratie. Certains estiment qu’ils lui sont utiles. Mais cette utilité semble toute relative, circonscrite à des situations où l’issue du scrutin soulève de forts soupçons de manipulation par le pouvoir, notamment dans certains pays africains. Ainsi, en connaissant à l’avance à peu près le résultat, on saura tout de suite si les urnes ont été bourrées.
Mais en France, où ce genre de manipulations est a priori à écarter, on peut a contrario évoquer leur nocivité. Nocivité, tout d’abord, dans la tête des dirigeants, qui se retrouvent tétanisés à l’idée de prendre une décision qui ne rencontrerait pas l’accord des Français. On a pu le remarquer : à chaque décision gouvernementale suit une pluie de sondage ayant tendance à valider ou invalider la décision, en fonction de l’accord ou du désaccord de la majorité des sondés.
De plus, il est très facile de manipuler des sondages : il suffit, au choix, de manipuler les questions, les réponses, ou bien le choix de l’angle d’attaque dans l’article qui les évoquera. Ainsi, on pourra « Marine Le Pen séduit 30 % des Français » ou « 70 % des Français ont une mauvaise image de Marine Le Pen », le constat dans l’esprit du lecteur sera différent.
Autre exemple : ce sondage sur les services publics publié la semaine dernière dans 20 minutes. Le titre est sans équivoque : « Les Français veulent couper dans la Défense ». Or, la première phrase de l’article indique tout le contraire : « 64 % des Français hostiles à l’effort d’économies budgétaires ». Et seulement un tiers des personnes interrogées souhaitent des baisses de budget dans la Défense. Bref, le titre dit une chose, le sondage tout son contraire.
En conclusion, les sondages sont devenus une arme médiatique mal utilisée, permettant aux groupes de presse de piloter l’actualité en créant de fausses tendances. Ils sont nocifs et mériteraient d’être mieux encadrés.
1 réponse to “Les sondages sont nocifs pour la démocratie”
3 janvier 2014
Smithy JessicaJe suis complètement d’accord, les sondages ne servent à rien s’ils ne sont pas parfaitement encadrés. On aurait même l’impression qu’ils nous embrouillent plus qu’autre chose.