En 2013, même s’il n’existe plus aucun parti majeur en France se réclamant exclusivement du gaullisme, Charles de Gaulle reste quand même une référence pour de nombreuses personnes. Il est incontestable qu’il fut un homme visionnaire et courageux, et il a très certainement largement contribué au retour de la France sur le devant de la scène à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, à la fin de la guerre, notre pays aurait très bien pu devenir une puissance secondaire, à la traine des trois grands vainqueurs que furent les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviétique. Au lieu de ça, il a réussi à obtenir une place au Conseil de Sécurité de l’ONU et a mis notre pays sur les meilleurs rails. Mais ces faits d’armes ne l’empêcheront pas de perdre la main au lendemain de la guerre, la Quatrième République, à laquelle il est farouchement hostile, lui échappant irrémédiablement.
De Gaulle a-t-il saboté la Quatrième ?
De Gaulle n’était pas un démocrate convaincu. Au contraire, il était méfiant envers la dilution du pouvoir dans les mains du plus grand nombre. Il a toujours montré, par ses discours et ses actes, qu’il était un défenseur d’un pouvoir fort et centralisé, de cette politique de l’homme providentiel qu’il souhaitait incarner, quitte à bouleverser l’échiquier politique pour mieux imposer sa volonté.
La chute de la Quatrième République est un premier exemple troublant. Tout laisse penser, selon certains historiens, que les choses se sont déroulées telles qu’il les a voulues, tel un pompier pyromane, affaiblissant la République jusqu’à risquer le coup d’État pour apparaître comme l’homme providentiel. Il dotera la Cinquième République d’une Constitution écrite par lui et ses proches, selon un processus antidémocratique, lui donnant un pouvoir quasi illimité et appuyé sur sa popularité.
Région parisienne : Un redécoupage suspect
Autre exemple : le redécoupage départemental de la région parisienne – passant de 3 à 8 départements – a eu pour résultat de faire passer la région des mains du centre et des socialistes vers son camp, avec l’appui des communistes. Les socialistes, majoritaires dans l’ancien département de la Seine, ont perdu toute influence dans les nouveaux départements découpés pour favoriser soit le Parti communiste, soit l’UDR de De Gaulle.
Aujourd’hui, son héritage continue toujours de hanter le pays. Sa constitution, elle, le paralyse. Elle était taillée pour lui, elle lui a survécu, pour le pire…
Statistiques fournies à titre gracieux par Laurent de Boissieu, fondateur du site france-politique.fr
1 réponse to “L’héritage troublant de Charles De Gaulle”
24 octobre 2013
HerveLENapoléon, lui aussi, avait pris le pouvoir puis s’était fait « légitimer » par un vote du peuple. Procédé pas très catholique mais de gaulle a le mérite de se retirer dès qu’il est désavoué par le peuple, c’est peut etre un des seuls de notre histoire.
La constitution de la 5ème est faite pour consacrer le pouvoir d’un homme, oui, mais aussi pour l’usage du référendum comme arme contre les appareils de partis politiques que le général détestait et voyait comme des parasites.
Les divers gouvernement, avec le paroxysme du gouvernement hollande, ont consacré la reprise en main par les partis, le contrôle du vote des députés, le court-circuitage de la volonté populaire.
Il y a aussi une dérive que De gaulle n’avait pas prévue, c’est la judiciarisation de la politique: on voit bien que le conseil constitutionnel a pris un pouvoir qui n’existait pas auparavant; le pouvoir présidentiel passe petit à petit dans celui des juges, avec comme couronnement les juges de la cour européenne supposés supérieurs à notre constitution même! Les allemands, eux, se posent la question en ce moment à Karlsruhe…
PS: le redécoupage éléctoral de l’ile de france n’est pas au fond, d’une importance capitale et est une pratique parfaitement courante de gauche comme de droite aujorud’hui (je le vois en ce moment dans mon département).