Christiane Taubira a récemment présenté son projet de loi de réforme pénale. Vivement critiqué par les partisans du tout répressif, ce projet a l’ambition, selon la Garde des Sceaux, de lutter efficacement contre la récidive en donnant aux juges un arsenal de peines plus large. À chaque fait divers tragique impliquant un récidiviste, un débat se relance sur l’opportunité de durcir encore plus les peines dans un pays où elles sont déjà sévères. Les opposants au tout carcéral sont souvent qualifiés de laxistes, et l’opinion publique est largement du côté de ceux qui prônent la plus grande sévérité.
Lois répressives : l’émotion avant la raison
Comme l’explique l’avocat blogueur Maître Éolas sur Twitter, les personnes les plus remontées lors d’un crime sont en général les familles ou proches des victimes, pas les victimes elles-mêmes. Passez ce drame en une du journal de 20 heures, et des millions de Français deviendront des proches de la victime, défilant tels des paysans avec leurs fourches pour que le sang du criminel lave l’affront. Cette attitude régressive de la part d’une partie de la population est largement alimentée par une course à la sensation médiatique et le populisme de certains politiques finit de légitimer ces sentiments très peu humanistes.
À quoi sert la prison ?
Un débat serein sur la question des peines ne peut pas avoir lieu sous le coup de l’émotion – le passage de Christiane Taubira sur France 2 où elle a dû répondre durant l’émission à une mère désœuvrée et totalement hors sujet était un exercice du genre. Sans raisonnement logique et rationnel, il ne peut pas y avoir de solution durable au problème de la délinquance et de la récidive. Une peine en principe répond à quatre objectifs : venger, châtier, protéger (en éliminant temporairement ou définitivement le fautif), dissuader.
Si la vengeance est l’objectif qui arrive le plus instinctivement à l’esprit, c’est paradoxalement celui que nos sociétés modernes ont dû juguler pour pouvoir fonctionner. Lorsqu’on parle de récidive, le plus efficace est surtout la dissuasion. Or, toutes les études sont d’accord pour dire que la prison est tout sauf dissuasive : un assassin ne changera pas d’avis si la peine est de 20 ou 30 ans. Il partira du principe qu’il ne se fera pas prendre. L’oublier, c’est faire fausse route.
1 réponse to “Prison : Le tout répressif est contre-productif”
29 septembre 2013
AlexIl est anormal que dans une émission, on laisse ce type de personne parler à visage caché contre une ministre.
Sa prestation en tant que mère va t elle lui permettre de se sentir mieux ?
Les téléspectateurs vont ils comprendre la position de la ministre ?
J’ai trouvé déplacé de la mettre dans cette situation et j’ai trouvé sa réponse trés claire malheureusement avec l’émotion de la mère. Il est difficile d’accepter la réponse de la ministre si on rentre dans l’émotion susciter par son apparition.
On dirait que les médias souhaitent que les gens aillent mal et si ils vont bien ils faut colporter des informations négatives.
Il faut absolument une réforme de la presse et de la télé. Ca urge . Notre inconscient est en train d’etre manipuler à dose extrémiste droitisante.