Ce lundi, le mari du journaliste qui a révélé les informations concernant l’espionnage généralisé de la NSA a été arrêté en vertu d’une loi de lutte contre le terrorisme dans un aéroport par la police anglaise. Le mari. D’un journaliste. En vertu d’une loi contre le terrorisme. Par la police anglaise.
Cette situation ubuesque, si elle a ému quelques journaux dans le monde, n’a pas pour autant fait le scandale qu’elle méritait. Peut-être la lassitude d’une population habituée à avoir peur depuis le 11 septembre 2001, et à qui on a fait avaler tout un tas de mesures censées les protéger, mais qui au final restreignent sévèrement ses libertés. Ainsi, au fil des mois, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, se sont mis en place dans les pays dits démocratiques des politiques de privation des droits qui n’aurait pas été acceptées quelques mois plus tôt. Encore mieux : le pire scandale d’espionnage à grande échelle de l’histoire n’a pas ému plus que ça nos responsables politiques.
Le soutien absolu à tous ceux qui se battent – et qui prennent de gros risques, on l’a vu – pour défendre nos libertés est nécessaire, certes, mais pas suffisant. La montée en puissance des partis pirates et des organisations combattant ces pratiques est une bonne chose, mais risque de s’avérer bien faible face aux menaces qui se dressent face à nous. À vrai dire, sans une bonne dose de démocratie directe, c’est-à-dire de prise de commande par les citoyens des affaires qui les concernent, les choses ne pourront qu’aller de mal en pis.
Alors on a comme l’impression que l’Occident s’est pris les pieds dans le tapis, qu’il est devenu complètement fou : des pays prônant la liberté dans le monde deviennent des États policiers. C’est comme si, à l’issue de cette « guerre entre le bien et le mal », comme aimait la décrire George W. Bush, le bien était devenu le mal pour se battre contre lui. C’est comme si, face à un totalitarisme, nos dirigeants n’avaient pas trouvé mieux que de devenir eux-aussi totalitaires. C’est comme si, pour combattre le terrorisme, l’État était lui-aussi devenu terroriste.
Combattre le mal par le mal, qu’ils disaient.
1 réponse to “La guerre perdue des peuples contre le terrorisme”
27 août 2013
Le Parisien LibéralEn effet ! La police a toute lattitude pour agir puisque les gens s’en fichent !