Pour changer de la routine en cet été 2013, j’ai invité plusieurs belles plumes, blogueurs, twittos, à contribuer à ce blog en écrivant un billet de 365 mots. Les retours ont été très positifs, au-delà de mes espérances. C’est donc avec plaisir que je vous invite à les découvrir, chaque mercredi en juillet et en août.
Pour ouvrir la saison estivale sur 365 mots, et inaugurer cette rubrique « Invités sur 365 mots », j’ai l’honneur de vous présenter la contribution de celui que je considère comme le meilleur blogueur politique, Juan Sarkofrance et ses Chroniques politiques. Durant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Juan a suivi et disséqué semaine par semaine l’action de l’ancien président, pour en relever les contradictions, les incohérences et les inepties de ce moment très sombre de notre histoire récente. Depuis mai 2012, il continue ses chroniques, en blogueur critique mais bienveillant de la gauche au pouvoir.
Juan Sarkofrance : les mots n’ont plus de sens
Le débat politique se nourrit sur deux chemins parallèles, que se contredisent parfois. Celui des idées, des principes, des positions qui guident l’esprit et la morale. Celui de l’action, de la mise en oeuvre ou en pratique, de la confrontation au réel.
Le débat politique n’a de sens que si les mots ont un sens, si l’on sait nommer ce que l’on voit, ce que l’on sait, ce que l’on vit. Or force est de constater que la France de 2013, malgré une année de sevrage sarkozyste, s’est encore plus profondément enfoncée dans une confusion parfois totale.
La droite classique n’a plus rien de classique. Elle continue de se dissoudre lentement dans le Front national. A force d’user et d’abuser des mêmes diversions électorales – immigration, identité, insécurité-, elle valide peu à peu les instruments idéologiques de la frange la plus ancienne et la plus détestable de notre communauté.
La gauche n’est pas mieux lotie. Celle du pouvoir assume une gouvernance difficile sans voir qu’elle s’éloigne de son électorat sur quelques fondamentaux couteux. Celle d’opposition croit utile de surjouer l’outrance pour provoquer la prise de conscience. La seconde accuse la première d’être l’antichambre d’un néolibéralisme violent ou, pire, de la Réaction fasciste. On pourrait pleurer de cette guerre des gauches qui débute par un dialogue de sourds.
Les mots n’ont plus de sens. D’un bord à l’autre, parfois proches, les mêmes formules ne désignent plus les mêmes phénomènes. Les constats ne sont plus partagés. Le seul point d’accord est d’être en désaccord systématique.
La démarche de Sarkofrance était de convaincre le plus grand nombre que Nicolas Sarkozy avait tort. Passés quelques moments de flottements euphoriques, les victorieux de 2012 ne doivent plus convaincre qu’Hollande a raison mais chercher les points d’alliance et de convergence. La période est à la nostalgie. A défaut de comprendre le futur, on aime se réfugier dans l’histoire: le Front populaire de 1936, le Conseil National de la Résistance de 1944, la victoire de 1981, le faux « tournant » de 1983, le drame du 21 avril 2002.
Justement, l’histoire nous apprend que la gauche et la France n’ont jamais gagné par la division.
Jamais.
5 Responses to “L’invité de la semaine : Juan Sarkofrance / Les mots n’ont plus de sens”
3 juillet 2013
NicolasIl y à plus de 365 mots, je suis sur.
4 juillet 2013
Custin d'AstréeCe n’est pas la taille qui compte.
4 juillet 2013
juanAh non ! j’ai compté !
4 juillet 2013
AlexandreLes mots ont du sens à notre époque encore plus qu’avant.
A la lecture de cet article, on avance sur la même idée mais avec une vision différente.
J’ai l’impression que chaque mot est pesé, le hasard et les imprévus s’amenuisent pour avoir le mot qui clashe et qui fache.
Ce mot doit avoir du sens et permettre d’etre rapidement à l’attaque de nos petits cerveaux.
En allant sur ce chemin, on ne réflechit plus sur le long terme mais sur l’humeur de la population.
Les médias sont l’arène et les mots le matador. Malheureusement ces mots font couler un sang invisible mais présent . Rappelons nous du mariage pour tous.
En ce qui concerne la division, peut on tout laisser faire à un gouvernement de gauche s’il oublie ses valeurs et ses électeurs de gauche ? ( retraite, Ani, …)
7 juillet 2013
Le cœur en berne sur le ponton des larmes | Babordages[…] lisais ce billet de Juan, invité là sur « 365 mots » (oui je lis encore Juan. Ne me jette pas aux lions, ne me crache pas dessus, […]