C’est une décision spectaculaire, et certains diront étonnante : le Conseil constitutionnel a rejeté jeudi les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Peu importent les raisons de ce choix, on ne peut que s’en réjouir : il y a de nombreuses raisons d’être sceptique sur l’intégrité de notre personnel politique, alors ne boudons pas une bonne nouvelle de temps en temps.
Tous pourris ? Peut-être pas. Mais j’ai assez souvent répété sur ces pages que le pouvoir est la pire des drogues, et qu’il y a bien peu d’êtres humains assez forts pour y toucher sans se laisser enivrer. Cela dit, notre société évolue dans le bon sens. Récemment, le « Canard enchaîné » en a convenu : si de nombreuses affaires de corruption éclatent aujourd’hui, il faut s’en réjouir, et non s’en dégoûter ! Par le passé, la corruption était présente également, voire plus qu’aujourd’hui, mais ces affaires ne s’ébruitaient jamais et nos gouvernants restaient tranquilles des années durant.
Jacques Chirac est peut-être arrivé à la fin de cette période d’impunité qui a fait les grandes heures de la Cinquième République : bien qu’il fut le premier Président à être condamné – même si c’est du sursis – il a été relativement tranquille, malgré des dizaines d’affaires dont il s’est tiré sans trop de mal. Pour Nicolas Sarkozy, c’est différent : il est arrivé trop tard pour pouvoir impunément profiter de sa position. Pourtant, c’est ce qu’il a fait, et à outrance, piétinant une à une l’ensemble des limites fixées par la morale : vacances offertes par des amis millionnaires, utilisation personnelle des fonds secrets, mépris ostensible des règles de comptes de campagne, plus divers retours d’ascenseurs à des amis dont la légalité est fortement remise en cause.
Tout cela, il commence aujourd’hui à le payer. C’est quelque chose de nouveau, dont le public n’a pas l’habitude en France. Mais la multiplication de ces affaires – et il n’est pas le seul concerné, Cahuzac étant un excellent exemple – a ses écueils : mettre sur le devant de l’actualité la rapacité de nos élus. Avec les conséquences : un discours lepéniste plus audible, et une classe politique complètement décrédibilisée. L’effet est le même avec l’insécurité : on en parle de plus en plus, pourtant elle stagne, la caisse de résonnance embrumant les consciences.
Nota : furieux de cette décision, qu’il attribue certainement à une vengeance chiraquienne, Sarkozy a immédiatement démissionné du Conseil constitutionnel pour retrouver sa « liberté de parole ». Il se peut que, juridiquement, il ne puisse pas faire une telle chose, étant membre de droit du Conseil. D’autant que jusqu’ici il ne s’est pas trop gêné pour ce qui concerne sa liberté de parole, Conseil ou non.
1 réponse to “Comptes de campagne de Sarkozy rejetés : faut-il s’en rejouir ?”
10 juillet 2013
AlexandreCette première semaine de juillet,Sarkozy revient en politique en disant le contraire
Sarkozy se donne à l’UMP.
Sarkozy nous a fait de la communication. Il revient en sauveur et se donne à l’UMP pour essayer de redonner à son parti un nouveau souffle. A droite, cette posture a l’air de bien prendre. Pourtant cette histoire de compte campagne pose des questions idéologiques.
Sarkozy oublie son discours et ses valeurs.
Sarkozy a toujours voulu lutter contre les patrons voyous. Il a toujours dit que la France est un pays trop taxé. Il n’a cessé de dire qu’il avait des valeurs.
Alors il faudrait expliqué qu’avec les impots des Français, il fait sa campagne et en plus d’avoir des valeurs d’homme droit dans ses bottes, il se comporte en patron voyou avec forte préméditation de ses actes.
Je souhaite donc que les journalistes continuent à nous montrer ce type malversation et que l’on avance dans la démocratie en fournissant un cadre qui permette d’éviter ce type de débordement.
Les réflexions et questions:
Pourquoi un parti a le droit d’avoir un budget de campagne plus important que les autres ?
Comment peut on instaurer un changement dans un système qui ne laisse qu’aux plus riches la possibilité d’exprimer leurs idées ?
Comment peut on avoir les pleins pouvoirs et de l’autre avoir un peuple étonné quand le président en abuse ?