On se plaint beaucoup en France des entreprises qui délocalisent leur production à l’étranger. L’automobile, notamment, est souvent montrée du doigt pour cette raison. D’autres secteurs ont abondamment transféré leur production en Chine, notamment le secteur de l’électroménager, si bien qu’il est désormais impossible d’acheter un four à micro-ondes de fabrication française.
Si cette fuite des heures de travail ouvrier dans d’autres pays est fortement dommageable à la France, détruisant des milliers d’emplois industriels chaque année, il est un autre type de délocalisation, dont on parle très peu, mais qui cause infiniment plus de torts à l’économie française : c’est la délocalisation de la gouvernance d’entreprise.
Alstom délocalise son siège à Singapour
En effet, de plus en plus nombreux sont nos grands groupes industriels qui voient leur direction, leur actionnariat basculer progressivement dans d’autres pays. C’est notamment le cas de la société Alstom, champion français de la fabrication de centrales électriques et de trains, qui a décidé d’envoyer de plus en plus de sa direction à Singapour. L’issue sera probablement un transfert du siège dans ce micro-État, suivi d’un recrutement local des cadres dirigeants. Une entreprise ayant son siège et ses dirigeants à Singapour ne peut décemment pas se réclamer de nationalité française.
Peut-on demander de dirigeants étrangers de favoriser l’économie française ?
Un autre exemple, plus récent celui-ci, est la volonté annoncée de la famille Peugeot de céder ses parts dans PSA à General Motors. Avec un actionnariat américain, il est fort probable que Peugeot devienne rapidement une société américaine, avec des dirigeants américains. Si un patron français a des chances de souhaiter faire progresser l’économie française, un dirigeant d’un autre pays, beaucoup moins. On ne pourra pas demander à l’actionnaire américain de Peugeot de fabriquer ses voitures en France, surtout s’il y perd un peu d’argent. Or, vu que la France, comme l’Europe, et au contraire de tous les autres pays du monde, rechigne à mettre en place une politique protectionniste, plus rien ne permettra d’empêcher ces fleurons historiques de l’industrie française de quitter le pays.
On a tendance à beaucoup se focaliser sur la compétitivité du travail français. On devrait plutôt se pencher sur la gouvernance des entreprises françaises : la source de beaucoup de nos maux se trouve peut-être là.
2 Responses to “Quand les entreprises françaises délocalisent aussi leur gouvernance”
15 octobre 2013
LéopoldArticle intéressant qui permet d’appréhender les difficultés françaises sous un angle différent. Les questions sont posées. En ce qui concerne PSA, la sortie de la famille Peugeot semble inéluctable. Mais concernant Alstom, quels sont les éléments vous permettant d’avancer qu’une délocalisation du siège vers Singapour est à l’œuvre?
Amicalement,
15 octobre 2013
Custin d'AstréeLà-dessus, vous devez me croire sur parole 🙂