C’est une information qui est presque passée inaperçue, mais l’UMP a annoncé, par la voix de son président autoproclamé, Jean-François Copé, faire sa « révolution civique ». Ceci consiste, pour le principal parti d’opposition, à proposer différents services gratuits aux Français qui le souhaitent. La gamme de services proposés se limite pour le moment au soutien scolaire, mais devrait s’étendre au coaching professionnel, à l’accompagnement à la création d’entreprises, ou à l’aide aux personnes âgées. Que cela peut-il signifier ? Le parti affirme qu’il s’agit simplement de solidarité, ses services étant gratuits. Sans faire de catastrophisme, on peut plutôt penser que l’UMP est en train de sombrer définitivement hors de la démocratie.
Ce type de pratiques n’est pas nouveau : il existe, ou a existé, partout où un parti a voulu faire plus que gagner des élections : en mettant les enfants dès leur plus jeune âge dans un environnement encadré, il s’assure un retour sur investissement non négligeable au moment où le jeune en question obtient le droit de vote. Jusqu’ici, ce type de pratiques était surtout connu pour être le mode de fonctionnement du Hamas et des partis islamistes, des mouvements communistes ou bien du parti néonazi Aube Dorée en Grèce, c’est-à-dire des partis rejetant globalement l’existence même de l’État et de la démocratie, et militant pour sa transformation sous une nouvelle forme.
Et au final, que penser d’un parti qui, une fois aux affaires, entrera en concurrence directe avec l’État qu’il gère, pour la solidarité, l’éducation, les affaires ? Un élu UMP qui doit son élection à ses activités solidaires hors champ de l’État va-t-il œuvrer pour la préservation de la sécurité sociale, de l’assurance vieillesse, ou de l’éducation nationale une fois élu ? Ou bien va-t-il plutôt insidieusement saboter tous ces trésors nationaux pour rendre son parti et ses activités indispensables à la société. Autant proposer directement à des prédateurs pédophiles la gestion d’une crèche !
En fin de compte, on en revient au rêve de la droite conservatrice depuis qu’elle existe : substituer à la solidarité nationale la bonne vieille charité chrétienne, démanteler l’appareil d’État au profit d’initiatives volontaires et intéressées, et rendre dépendants des milliers de personnes du bon vouloir de la bourgeoisie traditionnelle.
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