Souvent réclamé par les salariés, de plus en plus promu par les employeurs, le télétravail a le vent en poupe. Si bien que les médias commencent à s’y intéresser : d’abord avec une certaine bienveillance moutonnière, ensuite avec un scepticisme non moins moutonnier. Alors, le télétravail, ou travail à domicile, est-il la panacée pour les salariés qui n’ont pas forcément besoin d’être sur leur lieu de travail pour remplir leurs tâches ?
Les avantages paraissent effectivement nombreux : impression de liberté, possibilité de s’organiser au calme, flexibilité,… Ce que peu d’employés anticipent, par contre, c’est qu’en n’étant pas physiquement présent, on n’est plus non plus physiquement absent : on se situe en permanence dans une situation intermédiaire où l’on n’est pas là mais joignable. Votre chef ne peut pas tomber sur vous à l’improviste dans votre bureau, mais peut vous appeler à tout moment. Dans une situation traditionnelle où vous êtes dans votre bureau, dans les locaux de votre employeur, si à 19h30 votre chef ne vous voit pas, il se dira que vous êtes rentré chez vous. En cas de télétravail, par contre, il tentera tout de même de vous appeler, et vous vous sentirez obligé de décrocher.
Nombreux sont les témoignages de cadres ayant opté pour le travail à domicile qui se sont retrouvés du jour au lendemain corvéables à merci car disponibles en permanence. En outre, votre employeur ne connaîtra pas vos horaires réels de travail, aura du mal à estimer votre charge, et aura tendance à vous en donner plus pour ne pas que vous vous ennuyiez. La liberté peut rapidement se transformer en gageure.
Pour finir, certains sociologues du travail ont remarqué que la généralisation de cette pratique entretenait un certain isolement social : chez vous, vous êtes loin de vos collègues. Votre seul lien avec votre travail est votre patron, si bien que le télétravail est vu pour beaucoup de syndicats comme un moyen pour l’employeur de séparer chacun de ses employés pour mieux les contrôler.
Finalement, il apparaît que, bien souvent, le peu de liberté gagné par ce système d’organisation du travail est largement contrebalancé par les inconvénients qu’il engendre, si bien qu’il peine à s’étendre. Beaucoup d’entreprises qui tentent l’expérience reviennent dessus, compte tenu de ces contraintes. Alors, le télétravail passe beaucoup plus pour une mode passagère qu’une réelle organisation pleine de promesses !
1 réponse to “Le télétravail est-il la panacée ?”
1 juin 2013
GwendalJe suis d’accord avec les deux aspects présentés dans l’article, et j’aimerais y mettre mon grain de sel :
Dans la plupart des cas, et c’est très bien ainsi, le télétravail n’est pas une organisation globale et permanente. Il concerne quelques salariés aux contraintes diverses, et surtout, il ne s’applique pas à l’intégralité du temps de travail.
Ca peut être une modalité intéressante pour les retours au travail après une longue période d’arrêt, en particulier si l’arrêt a eu des causes psychologiques liées au lieu de travail, par exemple.
Il est aussi important, et c’est ce que j’ai vu dans les boites ou j’ai bossé et ou le télétravail se pratiquait, de fixer des règles claires. Dans la société ou je suis aujourd’hui, les personnes en télétravail doivent manifester leur disponibilité en étant connectée à Skype (qui nous sert de téléphone / messagerie interne). Il y a obligation d’être connecté la majeure partie du temps pendant les horaires de travail classiques, la déconnexion signifiant alors l’absence. C’est un outil de contrôle pour le patron, mais évite également les abus de disponibilité : personne dans la boite ne se permettrait d’appeler un télétravailleur déconnecté à une heure ou il pourrait avoir fini sa journée.
En bref, comme toutes les modalités du travail, il faut des règles communes et de bon sens, et ca peut bien se passer 🙂