J’ai toujours été franchement euro-enthousiaste. Trop jeune pour m’intéresser au sujet lors du traité de Maastricht, j’ai milité activement en faveur du « oui » à la Constitution européenne. La déception liée à son rejet fut donc à la hauteur de mes attentes, plus symboliques que réalistes, vis-à-vis d’un texte fortement imparfait, mais qui avait tout de même le mérite de porter un nom qui allait être un pas décisif vers une Europe réellement fédérale.
Car, oui, je suis un fédéraliste convaincu. Je pense que notre intérêt passe par une Europe réellement unie, par des liens très forts. Et c’est pour cette raison que, de plus en plus, je deviens eurosceptique.
L’Europe, telle qu’elle se construit aujourd’hui, nous mène dans une impasse : trop bureaucratique, trop éloignée des citoyens, elle n’a aucune légitimité démocratique. Les décisions sont prises par des ministres qui n’ont pas été élus pour ça, elles sont validées par un Parlement élu dans le désintérêt le plus total, par des députés qui bien souvent n’assistent même pas aux séances. Cet éloignement, et ce dédain de nos élus, donnent un pouvoir trop important aux lobbyistes qui gravitent autour de Strasbourg et de Bruxelles.
Pourtant, il ne faut pas attendre de progrès de la part de nos gouvernants : ils ont aujourd’hui des prérogatives dont ils ne voudront pas se détacher : ils décident de tout, sans en prendre la responsabilité, car toute décision impopulaire est dédouanée vers la volonté d’une « Bruxelles » imaginaire et folle.
Que faire ? Peut-être recommencer, avec des pays de bonne volonté, via un processus neuf, en partant d’une feuille blanche : une réelle Constitution européenne, des institutions réellement démocratiques, aux compétences clairement définies, et avec un cap clair et précis. Sans une vraie Fédération européenne, la crainte est que le projet d’Union suscite le rejet de plus en plus fort des peuples européens. Or, sans destinée commune, l’Europe fera ce qu’elle a toujours fait dans son histoire : la guerre.
C’est pour cela qu’aujourd’hui, il faut définir un euroscepticisme constructif, un euroscepticisme qui ne soit pas le retour à l’État-nation, mais bien une bouffée d’air pur pour l’Europe, vers une intégration plus forte, choisie par les peuples et non par les Gouvernants, sur un modèle accepté par tous.
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