Avant hier, Stéphane Hessel est mort à 95 ans. Né Allemand en pleine Première Guerre mondiale, il aura été naturalisé Français dans son enfance et aura été une figure de la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour moi qui suis né très longtemps après ces événements, il aura surtout été un révélateur, celui d’un concept : l’indignation.
Le bonheur réside dans sa quête
Lorsque j’écrivais que « le bonheur réside dans sa quête », je ne pensais pas à autre chose qu’à cette indignation, celle qui fait qu’on ne se laisse pas porter par les événements lorsque ceux-ci se bornent à aller contre notre nature, contre nos intérêts. L’indignation est à la fois le ciment de nos convictions, de notre morale, de nos instincts, mais également le moteur qui nous pousse à faire en sorte qu’ils ne soient pas que des vœux pieux, des rêves.
Nous avons tendance à penser, et c’est bien humain, que ce qui existe aujourd’hui est né d’une immuable force naturelle : nos modèles économiques, nos systèmes politiques, nos modes de consommation seraient la résultante d’une histoire implacable tendant vers une société naturelle logique et irrésistible. Pourtant il n’en est rien : une société n’est pas naturelle, elle est la construction de cerveaux. Elle n’est pas immortelle : elle a un début et une fin. Elle n’est pas la meilleure possible : elle est perfectible.
S’indigner pour rester digne
Nous vivons peut-être à une époque charnière : nous savons pertinemment que nos modes de vie sont intenables sur le long terme, nous savons pertinemment que tout cela finira, un jour, par changer. La question est de savoir quand et comment ? bientôt ou dans quelques décennies ? de manière pacifique ou violente ? avec ou sans nous ? Le moment arrivant, il faudra être en accord avec soi-même, que cette indignation que l’on ressent au quotidien débouche sur une application concrète, que nous soyons les acteurs de notre futur.
Stéphane Hessel est mort, mais ses idées, son tempérament, et son indignation perdureront. Son message a été utile, il a permis à des millions de personnes de croire que ce qui nous arrive n’est aucunement dû à une quelconque fatalité et qu’il est indispensable, pour des citoyens, d’être responsables de notre destin.
Merci, Monsieur Stéphane Hessel.
No Responses to “Hommage à Stéphane Hessel”