Les grandes maisons d’Internet auraient-elles des tendances hégémoniques ? Il est vrai qu’avec un modèle basé essentiellement sur la recherche de revenus publicitaires, des entreprises comme Google ou Facebook ont tout intérêt à être partout, à être indispensables, à dépasser le seul cadre de leurs services, pour gagner de l’argent.
Bien que cherchant à se diversifier, notamment dans le hardware, Google reste quand-même le maître de la maîtrise des sujets du quotidien pour les millions d’internautes qu’il a pour client. Mais cette maîtrise peut faire peur : Google connaît les sites que vous visitez lorsque vous utilisez Chrome ou son moteur de recherche, Google sait qui vous appelez quand vous utilisez un mobile Android, Google sait ce que vous faites quand vous utilisez Calendar, et Google connaît toute votre correspondance si vous utilisez Gmail. En prime, Google sait où vous allez grâce à Maps.
Ces outils sont très performants et, de par leur grande qualité technique, leur ergonomie, leur réactivité et leurs interactions, deviennent rapidement indispensables. Mais au-delà des réelles questions sur l’emprise de cette société sur nos vies, que se passe-t-il lorsque Google décide de fermer un service, comme ce fut le cas pour Reader ? On se souvient peut-être de l’histoire de ce jeune homme qui, pour une raison obscure et arbitraire, s’est fait bloquer son compte par Google. Du jour au lendemain, plusieurs années d’archives de mails, des mots de passe, des rendez-vous, des numéros de téléphone, ont disparu.
Google est une société commerciale, américaine, et indépendante de toute structure administrative publique. En conséquence, Google peut faire ce qu’il veut avec ses clients, et a acquis en quelques années un pouvoir conséquent, menaçant même la neutralité du Net – son omniprésence sur le référencement en atteste – même s’il s’en défend. Qu’aurait-on dit d’une administration hors de tout contrôle démocratique si elle avait pris un pouvoir aussi important que Google ?
Que peut-on faire pour s’en protéger ? Tout d’abord, espérer que Google ne tombe jamais en de mauvaises mains. Peut-être, également, il faudra un peu se forcer à ne pas utiliser Google pour tout, en essayant des applications tierces, en sauvegardant ses données. Dans tous les cas, sans faire dans la paranoïa, il faut rester prudent face à une telle puissance concentrée dans une seule main !
4 Responses to “Google : la tentation hégémonique”
22 mars 2013
NicolasOn est d’accord. Ce qui me fait rire, ce sont les geeks qui sont d’accord aussi mais continuent à utiliser Chrome, Android et le moteur de recherche.
24 mars 2013
KernaldCe n’est pas parce qu’il faut être conscient du risque qu’il faut arrêter d’utiliser les services de Google. Personnellement, je suis utilisateur de GMail, Android, Google, jusque récemment Google Reader, …Cependant, j’ai des sauvegardes pour toutes mes données, dans des formats interopérants. Si mon compte Google est fermé, je ne perdrais pas grand chose : mon agenda est exporté en CalDAV, mes contacts en CardDAV, mes mails en archives IMAP, … J’ai de quoi reconstituer tout ce dont j’ai besoin.
En attendant, les services de Google m’offrant un confort d’utilisation pour le moment inégalé sur les points qui m’intéressent, pourquoi ne pas les utiliser ?
L’extrémisme que tu proposes n’est pas non plus une solution.
23 mars 2013
jck> Google connaît les sites que vous visitez lorsque vous utilisez Chrome ou son moteur de recherche
Vu que tous les sites du monde utilisent google analytics (votre blog aussi) Google connaît l’historique de navigation du monde entier, même ceux qui utilisent IE et bing..
23 mars 2013
PedroJe suis avec intérêt vos articles qui ne manquent pas de poser de bonnes questions, et celui-ci ne déroge pas à la règle.
Toutefois, je suis assez perplexe sur l’info du « jeune homme qui […] s’est fait bloquer son compte par Google ». Curieux sur ce qui, à ma connaissance, semblait une première en termes de barrière franchie dans la censure par Google, le lien sourçant l’info m’amène sur une info bien différente : celle d’un bug (donc, pas une initiative de Google ; en tout cas pas officiellement et sans que l’article ne suspecte que ce soit le cas) ayant affecté une centaine de milliers d’utilisateurs (pas un utilisateur ciblé) en effaçant le contenu de leur compte GMail (pas de compte bloqué, pas d’impact sur Contacts qui gère les numéros de téléphone, ni sur Agenda qui gère les rendez-vous).
Est-ce une erreur de source ? D’interprétation ?
Je ne cherche bien évidemment pas à défendre Google, pas plus que je ne tomberais de ma chaise si une telle censure était avérée (cf. votre premier paragraphe). Je suis juste surpris par ce qui semble être une interprétation fallacieuse dans votre article…