Crise de la dette : entre débiteurs et créanciers, le choix se pose enfin

on 29 mars 2013 | 0 Comment

La crise chypriote a au moins permis de se reposer la question du rapport entre débiteur et créancier dans une économie de marché. On a vu que la réaction des autorités n’est pas la même, qu’il s’agisse d’oligarques russes ou de simples citoyens. La question revient d’ailleurs régulièrement dans les pays les plus exposés à la dette : que faire pour rembourser les créanciers ?

Il est toujours étonnant de voir que ceux qui profitent le plus du libéralisme essayent systématiquement d’en contourner les règles quand ça ne les arrange plus. Là encore, on en a un exemple frappant : la prise de risque, qui est la base du fonctionnement du système financier international, est rémunérée. C’est pour cela que, si vous prêtez à la Grèce, vous recevez un meilleur taux : il y a un risque qu’elle ne vous rembourse pas. De même, si vous placez votre argent en bourse, vous pouvez espérer gagner plus que si vous remplissez votre livret A. Mais à l’inverse, vous pouvez tout perdre.

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Pourtant, dès que ce risque devient imminent, la première chose qui vient à l’esprit des personnes concernées, c’est de protéger les créanciers en privilégiant une taxation des débiteurs – en l’occurrence, les citoyens – plutôt que de les protéger. Ainsi, les créanciers, en misant sur la dette grecque ou chypriote, ont, en connaissance de cause, bénéficié d’une rémunération élevée d’un risque. Le risque de défaut faisant partie de leurs calculs, il faut qu’ils l’acceptent comme une des conséquences de ce petit jeu.

Ce qui pourrait arriver de plus grave, si les Gouvernements s’acharnent à vouloir sauver à tout prix les banques et leurs créanciers, c’est qu’ils finissent par bénéficier de taux de rémunération disproportionnés par rapport à un risque qu’ils ne prennent plus. Et, lorsqu’on ne risque plus rien, on a tendance à faire n’importe quoi. Donnez l’impunité à quelqu’un, sans contrôle, sans conséquences pour lui, et vous verrez que très rapidement, il deviendra un criminel.

La rémunération du risque doit rester attractive pour les investisseurs et les banques, mais le pendant, c’est-à-dire la possibilité de faillite, doit rester réelle. C’est pour cette raison que, lorsqu’une crise apparaît, il faut continuer à privilégier la sauvegarde des intérêts des débiteurs par rapport aux créanciers. Le compromis trouvé à Chypre va dans ce sens.

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