En voiture, allongé sur la banquette arrière, je m’imagine la route, l’asphalte gris, qui défile à toute allure à quelques centimètres en-dessous de moi. Tant que le véhicule roule, la route défile, tel un rouleau que l’on débobine sous mes pieds pour me raconter une histoire, pour me faire voir des personnages, puis les faire disparaître. « Sur la route » de Jack Kerouac, c’est ça, c’est le défilement incessant de la vie sous nos pieds, allongés dans une voiture allant à toute allure vers une destination inconnue, un fou au volant. L’œuvre couchée selon la légende sur un rouleau de papier, d’une traite, se lit de la même façon, d’une traite. On ne s’en relève pas tant que ce n’est pas fini, même si les pauses sont autorisées, là où des aires le permettent. Kerouac sillonne l’Amérique post-Seconde Guerre mondiale d’Est en Ouest, d’Ouest en Est, en prenant soin de nous faire découvrir ce grand pays tel quel, sans fioritures, sans détours. La vie dure, mais libre, des beatniks et des hipsters comme si vous y étiez, vous donne envie, vous-aussi, de vivre l’aventure, la vraie, la grande. On est plongé, non seulement dans un pays qu’on connaît mal, malgré la foisonnante profusion de séries télévisées, mais également dans une époque où le rapport à l’argent était différent, où tout semblait plus simple, où la violence était plus directe et moins insidieuse qu’aujourd’hui. New York, Chicaco, San Francisco, la Nouvelle-Orléans, le Texas, et surtout Denver comme autant d’étapes dans un voyage qui n’en finit pas, en compagnie de personnage aussi torturés que barrés, fait d’autostop, de covoiturage institutionnalisé, de voitures volées, de bus et de train et de tout ce que l’Amérique comporte de moyens de locomotion. C’était il y a soixante ans, mais c’est tellement actuel, si on sait en adapter la lecture à nos réalités d’aujourd’hui. La seule chose qui restera typiquement de cette époque où un long boum économique s’annonçait, c’est cette relation à l’autre, ce partage, certes toujours intéressé, mais réel, de l’Amérique profonde aux grandes métropoles ouvertes sur le monde. Jack Kerouac vous donne envie d’arpenter la route, à la découverte de cette Amérique authentique, rêvée et mythique.
L’ai lu « Sur la route » de Jack Kerouac
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