On ne peut pas dire que le Gouvernement tombe des nues, rien n’étant jamais simple quand on est au pouvoir, surtout à gauche, mais il doit être quand-même sévèrement gêné par l’abattage médiatique dont il fait l’objet depuis quelques semaines. Le « Hollande bashing », c’est-à-dire la dénigration systématique atteint non seulement la presse de droite qui se doit de taper sur le Président de gauche, mais également la presse de gauche, qui se doit de montrer qu’elle est indépendante.
Pourtant, c’est quelque chose qu’on ne voyait pas sous le mandat de Nicolas Sarkozy, les publications de droite restant largement sarkolâtres, y compris chez les blogueurs. D’où peut provenir cette unanimité actuelle contre Hollande ?
Les accusations à gauche se font principalement sur un supposé immobilisme : des blogueurs et des éditorialistes, peut-être trop habitués à l’agitation du prédécesseur de François Hollande, capable d’enchaîner les débats nationaux au rythme effréné des faits divers, se retrouvent-t-ils en manque de substance ? Pourtant, selon l’Observatoire du Mandat, à 6 % du mandat, le Gouvernement a déjà réalisé 15 % des promesses !
Peut-être le mal vient-il du fait que la volonté de concertation, d’analyse et d’évaluation avant chaque décision rend-elle l’analyse du travail gouvernemental plus difficile à des commentateurs qui avaient pris l’habitude des décisions expéditives, des lois d’urgence et des jugements péremptoires de Nicolas Sarkozy ? Le retour à la réalité de la politique, telle que la France l’a toujours pratiquée en dehors de la parenthèse sarkozyste, est certes ardu pour qui, tel un enfant, a été façonné par le confort d’une récompense instantanée.
Sarkozy, au pouvoir, contentait tout le monde : le blogueur de droite qui y voyait enfin quelqu’un qui réveillait la droite décomplexée, lui donnait légitimité, comme si le pilier de comptoir et ses jugements à l’emporte-pièce accédait enfin au plus haut niveau de l’État. Le blogueur de gauche n’était jamais déçu, lui non plus, obtenant matière quotidienne à ses diatribes.
On n’est jamais déçu par un ennemi caricatural, comme a pu l’être Nicolas Sarkozy. Par contre, devoir commenter les faits et gestes de celui qu’on a choisi pour remplacer le mal absolu, avec tous les espoirs et attentes, révèle réellement la qualité d’analyse du blogueur.
5 Responses to “Les blogueurs de gauche regrettent-ils Sarkozy ?”
10 septembre 2012
EricMulhouseDu regret , certainement pas , je pense que nous sommes dans un temps d’adaptation , quand à l’impatience c’est peut être prématurée mais nous ne sommes que des humains.
@+
10 septembre 2012
Juanc’est vrai qu’il nous manque … Naaaaan ! J’plaisante ! 😉
10 septembre 2012
Custin d'AstréeJ’imagine comme le sevrage doit être difficile !
11 septembre 2012
DedIl me semble qu’il y ait confusion : ce que beaucoup de français attendent , ce ne sont pas des décisions rapides mais des décisions de GAUCHE.
Or, il paraît de + en + évident que nous avons affaire (comme on le craignait) à un social très libéral.
La déception est donc importante et, en conséquence, les blogueurs de gauche auront de belles pages à noircir.
28 septembre 2014
La revue de blogs politiques du lundi matin[…] Chez Custin : Les blogueurs de gauche regrettent-ils Sarkozy ? […]