Comme je le craignais, François Hollande s’est lourdement trompé. Oh, non, ne croyez pas que par ce billet je vais faire le réquisitoire du mandat du Président : il vient juste de commencer et ce serait trop prétentieux de tirer des conclusions alors qu’il reste tant de temps, d’événements et d’imprévus durant les cinq ans qui vont venir. Non, François Hollande ne s’est pas trompé sur toute la ligne, mais il a commis une erreur : croire que l’on pouvait présider la Cinquième République de manière normale.
Si François Hollande ne fut pas mon candidat préféré lors de la primaire socialiste, sa position sur les institutions y fut pour beaucoup. Celui-ci m’avait pourtant reçu en septembre 2011, en compagnie d’autres blogueurs, afin d’échanger sur la campagne, la situation du pays et la vision du candidat. Répondant à la question d’un des intervenants, François Hollande expliqua que la Constitution actuelle offrait une assez large marge d’interprétation pour lui permettre d’en faire bon usage. En d’autres termes : Nicolas Sarkozy a agi d’une certaine façon, lui agirait autrement. Il n’était pas nécessaire, selon lui, de changer les règles démocratiques dans notre pays. Là est l’erreur. Ma déception fut telle que je décidai de retranscrire cette rencontre sur un ton très féodal.
Ainsi, François Hollande a-t-il cru qu’il pouvait présider autrement – ambition de Lionel Jospin en son temps, rappelons-le – sans modifier cette sacro-sainte Constitution. Il a cru qu’il pouvait faire accepter, auprès des Français, de n’être qu’un serviteur de l’État comme les autres, alors qu’ils s’attendaient à avoir un sauveur, trop habitués à s’adresser à cet unique personnage comme les sujets du Roi lui envoyaient leurs doléances. Aujourd’hui, la conséquence est directe dans les sondages : le Président sombre. Quand peuple fâché, lui toujours faire ainsi.
Il est toujours utile pour un peuple d’avoir une tête sur laquelle taper lorsque ça ne va pas. La Cinquième République lui en donne une de choix : le Président, qu’il le veuille ou non. Mais, très objectivement, il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’un seul homme puisse régler les problèmes de 60 millions, c’est tellement infantilisant que c’en est désolant. Tant qu’on continuera de le croire, notre République sera instable. C’est pour cela qu’il est plus qu’urgent de changer de Constitution.
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