Zappant nonchalamment de chaîne en chaîne, mon attention toute relative s’en vient accaparée par les clips de campagne pour les prochaines élections législatives des 10 et 17 juin prochains. Cet exercice obligatoire pour l’ensemble des partis en mesure de présenter une centaine de candidats est souvent riche en surprises, souvent mauvaises. Les vidéos sont en général réalisées avec de faibles moyens, dans des conditions légales et réglementaires draconiennes aptes à terroriser le moindre réalisateur doté d’un minimum d’esprit artistique. Mais elle permettent à tous les partis d’ampleur relative de disposer d’un espace médiatique qui leur est souvent refusé en temps normal.
On se souvient des surréalistes messages du Parti de la Loi naturelle prônant la méditation transcendantale comme solution aux problèmes de notre société, ou des clips hallucinants du Mouvement National républicain mettant en scène son président Bruno Mégret dans des petites scénettes au caractère très limite, voire carrément raciste.
Cette fois-ci, je n’ai pas eu l’occasion de croiser de curiosité ni d’ovni, mais j’ai pu voir la ligne de conduite de trois partis qui avaient été impliqués dans la présidentielle : le PS, l’UMP et Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. Si ce dernier n’a pas beaucoup d’intérêt, l’ex-candidat se bornant à renvoyer dos-à-dos le PS et l’UMP, il est quand-même intéressant de voir qu’il reprend peu ou prou les arguments que chacun des deux gros partis a élaboré contre son adversaire. Sans entrer dans le détail, alors que la campagne présidentielle s’est déroulée sur un besoin citoyen de plus d’intelligence dans le débat politique, on en est encore aux simplismes effroyablement persistants.
Ainsi, voter PS signifierait pour la droite remettre en liberté des délinquants multirécidivistes assoiffés de sang, puiser dans les caisses de l’État comme dans un puits sans fond, donner des milliers d’euros et le pouvoir aux étrangers venus chez nous pour profiter de notre générosité. Oui, c’en est à ce niveau. A contrario, pour la gauche voter UMP signifie faire un chèque en blanc aux multinationales, courir à la catastrophe de la cohabitation qui donnerait un signal dramatique à la communauté internationale.
Bref, on est loin d’une approche réellement en phase avec les attentes des Français et avec les réalités. Peut-être la lassitude liée à tant de mois de campagne fait-elle aussi son effet.
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