La fraude aux prestations sociales est un argument souvent invoqué par les électeurs du Front national, et un phénomène principalement pointé du doigt à droite, même si le Parti socialiste a souvent répété que c’était un problème auquel il fallait s’attaquer.
Il est fréquent de rencontrer des personnes proches du milieu médical, ou des services sociaux, asséner avec résignation que les faits donnent raison à Le Pen ou Sarkozy, que l’assistanat est la règle chez une certaine catégorie de personnes, que certains orientent leurs choix de vie uniquement dans le but d’optimiser leur récolte des fruits de la solidarité nationale. N’avez-vous pas remarqué que lorsque ce sujet de conversation est évoqué, il y a toujours quelqu’un pour dire qu’il connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui, au choix, fraude aux Assedic, reçoit des faux arrêts de travail d’un médecin complaisant, ou a fait une ribambelle d’enfants pour toucher le maximum d’allocations familiales possibles ?
Oui, nous connaissons tous des fraudeurs. La nature est ainsi faite, si un système de générosité est mis en place, il y a toujours quelqu’un pour l’exploiter à son propre avantage. De surcroît, il se trouve que les personnes qui doivent lutter pour vivre ont souvent besoin, dans leur quotidien, d’user de stratagèmes et de combines pour s’en sortir dans le milieu hostile qui est le leur. Que ces stratagèmes s’étendent jusqu’à leurs relations à l’État est donc explicable, même si ce n’est évidemment pas excusable.
Quelle est la réponse à apporter à une telle chose ? Voter pour des partis qui prônent le durcissement des mécanismes pour tous alors qu’ils sont une minorité à en abuser ? Ou réfléchir une seconde à ce que serait la conséquence, autant humaine que sanitaire d’un tel durcissement ? Un exemple : le virus de la grippe ne connaissant pas les nationalités, il serait déraisonnable de limiter l’accès au soin des sans-papiers comme le demande le Front national.
Pour lutter contre la fraude, la seule solution viable et efficace consiste à multiplier les contrôles et à renforcer la pédagogie. Contrairement aux idées qu’on veut bien nous intégrer dans le crâne, les immigrés ne représentent pas un coût pour notre système de protection sociale (PDF), et la fraude sociale est bien moins importante que la fraude fiscale des entreprises. Enfin, une grande partie des aides disponibles ne sont jamais réclamées. Sachez-le !
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