Depuis combien de temps nous rabâche-t-on que c’est la crise, que par les temps qui courent, nous ne pouvons plus nous permettre ce que nous nous permettions avant, que les choses vont de mal en pis et que, désormais, il faut savoir faire des sacrifices ?
Justifier des privations à notre époque d’abondance est un non-sens : la sécurité sociale a été mise en place après la guerre, à une époque où l’Europe était en ruine et où il fallait collectionner des tickets de rationnement pour se nourrir. À cette époque, notre pays n’avait réellement pas les moyens de s’occuper des malades, des pauvres et des chômeurs. Pourtant, il l’a fait, car le pouvoir politique, allié aux syndicats et à la population, en a voulu ainsi. En réalité, un pays a les moyens qu’il se donne. Affirmer le contraire est au mieux un mensonge, au pire criminel.
Aujourd’hui, des forces immenses poussent toutes dans le même sens : il faut être rentable, vendre moins cher sa force de travail. La solidarité est désormais décrite comme de l’assistanat, ceux qui sont sur le bord du chemin traités comme des profiteurs du système. Nous faisons fausse route : un pays qui laisse de côté une partie de ses citoyens se tire une balle dans le pied, s’appauvrit. Cette politique du rabaissement social ne profite qu’à un petit nombre, mais va à l’encontre de l’intérêt général. La France est entraînée depuis une dizaine d’année dans une spirale régressive : au fur et à mesure qu’elle prend des dispositions allant vers moins de solidarité, les écarts de richesse augmentent et, avec eux, l’insécurité. La droite, dans ce manège, passe pour le pompier pyromane de service : elle gagne sur un discours sécuritaire qu’elle contribue à entretenir.
Un accès à tous aux soins, à l’éducation et à la sécurité professionnelle fait la force d’un pays. Mais pour cela, il faut du courage, et ceux qui se vantent de l’avoir n’en ont, en réalité, plus depuis longtemps.
On est toujours gagnant quand on tend la main à l’autre. On n’a rien à perdre à être généreux. Un geste d’ouverture n’est jamais vain. On a trop souvent tendance à oublier ces principes élémentaires, qu’on nous apprend pourtant à l’école.
Photo P. Heckler
5 Responses to “Nous n’avons plus les moyens de nous le permettre”
14 mars 2012
TassinEffectivement, on voit que c’est aucunement la nécessité qui pousse les oligarques à écraser le petit mais tout simplement la bonne vieille lutte des classes qu’ils sont en train de gagner en réalisant leur rêve : baisser le coût du travail.
Quand on sait que dès la fin du 19ème siècle des ouvriers réclamaient la retraite à 60 ans, avec 40 ans de cotisations et qu’on en train de revenir en arrière… C’est proprement insensé!
14 mars 2012
TassinJe rajouterai que du coup en regardant ce qu’il s’est passé au siècle dernier (congés payés, semaine de 40 heures, retraite à 60 ans, sécurité sociale etc) il devient flagrant que le problème d’aujourd’hui n’est pas la quantité de production (PIB, croissance…) mais bel et bien la répartition de cette richesse.
14 mars 2012
Carlué Micheloh que oui ! Je suis totalement d’accord.
14 mars 2012
Carlué MichelJe me suis d’ailleurs permis de faire la promotion de votre article sur mon blog généraliste et cela sans même vous en demander la permission mais en indiquant votre nom en tant qu’auteur ainsi qu’en déposant un lien vers 365MOTS.COM.
Bien cordialement à vous
Michel
14 mars 2012
Custin d'AstréeJe vous remercie ! Nul besoin de me demander la permission évidemment !