La campagne aidant, de nombreux candidats à la présidentielle se sont pris d’une passion pour les référendums. Cela a commencé par le président-candidat qui envisage d’en proposer sur les thèmes du chômage et de l’immigration, puis a continué avec le centriste Bayrou qui propose, dès son élection, un référendum sur le sujet de la moralisation de la vie politique en douze points.

Les partisans de la démocratie directe devraient-ils pour autant s’en réjouir ? Pas vraiment. Sans faire le rabat-joie, ces propositions de référendums tiennent plus lieu de l’entourloupe que d’une réelle adhésion aux idées révolutionnaires de la démocratie directe.

La proposition de Bayrou, sûrement inconstitutionnelle, est certainement liée à une probable incapacité à gouverner avec un parlement qui ne sera pas acquis à sa cause.  Pour Nicolas Sarkozy, il s’agit plutôt de faire l’actualité avec une proposition qu’on n’attendait pas de lui, mais il y a fort à parier qu’il ne posera jamais aux Français une question dont il n’est pas sûr et certain de la réponse.

En réalité, tout cela, c’est du vent. La vraie démocratie participative, citoyenne ou directe ne consiste pas en quelques référendums intelligemment sélectionnés par notre classe dirigeante. Pour qu’un candidat puisse réellement s’en réclamer, il faudrait qu’il propose un changement radical de constitution. Mais ça, les seuls mouvements démocratiques à le proposer sont le Front de Gauche et Europe-Écologie-les-Verts, le Parti socialiste se contentant de quelques ajustements à la marge.

À une époque où les citoyens n’ont plus confiance en leur classe politique, il est effarant de constater que les grands partis traditionnels n’ont toujours rien compris. Ils se cramponnent à un statut qui donne de plus en plus de légitimité, aux yeux de nombreuses personnes, aux extrêmes pour qui les abus des élus sont du pain bénit. Combien faudra-t-il de scandales, d’abstention et quel score faudra-t-il au FN pour que le PS et l’UMP comprennent enfin que cela leur reviendra comme un boomerang à terme ?

Si la démocratie directe n’est pas la solution à tout, une réelle moralisation de la vie politique est plus que nécessaire, et de toute urgence. Sinon, un jour, c’est la démocratie elle-même qui sera montrée du doigt, avec les conséquences que l’on sait.