L’info est peut-être un peu passée de mode, emportée par le flot implacable du projecteur médiatique, mais il se trouve que la Hongrie est en plein processus de destruction de sa démocratie. Une nouvelle constitution a été votée par le parti ultra-conservateur majoritaire, des manifestations monstre sont cachées par les médias locaux à la solde du pouvoir, et l’Union européenne, attendue au tournant, a mis le pays sous surveillance.
Le problème, c’est qu’elle l’a fait pour de mauvaises raisons. En effet, Bruxelles a menacé la Hongrie de sanctions financières pour des manquements sur plusieurs sujets, dont la démocratie ne fait pas ou peu partie. Ce qui est reproché à la Hongrie ce n’est pas d’avoir institué un pouvoir quasi intouchable pour le parti actuellement en place, d’avoir verrouillé les institutions de telle sorte que l’opposition ne pourra jamais revenir au pouvoir.
Non, ce qui est reproché à la Hongrie c’est :
– D’avoir un trop fort déficit, ce qui est un reproche exercé par l’Europe à nombre d’autres pays européens, par les temps qui courent. On remarquera que menacer un pays déficitaire de sanctions financières est aussi efficace que de prélever de lourds agios à quelqu’un qui est en découvert chronique…
– D’avoir réformé la Banque centrale : désormais, elle n’est plus indépendante du pouvoir politique, ce qui est contraire aux principes européens. Mais cette décision peut légitimement être motivée par les soucis actuels des États face à leur dette et peut s’avérer être une solution meilleure que l’austérité.
– D’avoir modifié l’âge de départ à la retraite des juges et procureurs : reproche purement administratif pour une mesure qui a été prise, certes, avec une arrière-pensée malsaine visant à éliminer au plus vite des juges peu conciliants.
– D’avoir modifié le mode de nomination à l’agence hongroise de protection des données, sorte de CNIL. Cette réforme augure une mainmise du pouvoir sur les échanges de données – Internet, téléphone, etc. – mais des mesures identiques ont été prises dans de nombreux autres pays sans que ça n’émeuve plus que ça la Commission.
Bref, l’Europe ne reproche rien à la Hongrie en ce qui concerne les pressions sur les médias, le licenciement de journalistes d’opposition, la fermeture de radios contestataires, l’orientation de la télévision publique, et les lois électorales anti-démocratiques. Rien que des reproches administratifs ou économiques. En somme, l’UE est encore une fois hors sujet.
Photo: europa.eu
1 réponse to “Hongrie : à quoi joue l’Union européenne ?”
30 janvier 2012
DavidEn même temps, toutes les mesures prises par la Hongrie ont été faite démocratiquement … Comme l’élection d’Hitler. Oups. Point Godwin ?