Grèce, Irlande, Italie, Espagne, France : de plus en plus de pays européens mettent en place des politiques de rigueur budgétaire dans le but de parvenir rapidement à l’équilibre et ainsi entrevoir la perspective d’éponger leurs dettes, devenues incontrôlables. C’est même devenu un argument de campagne en France où il s’agit de monter qu’on est le candidat le plus rigoureux, quitte à jouer de la surenchère.
Mais cette façon de voir les choses ne résiste pas une seule seconde aux faits : l’austérité soigne aussi bien le budget d’un État qu’une saignée soigne un malade. Le problème est que ça fait bien longtemps qu’on s’abstient de réaliser des saignées sur des malades : nos politiques n’ont donc que quelques siècles de retard.
Prenons l’exemple de l’Irlande : son modèle libéral l’a exposée plus que les autres à la crise financière de 2008 et elle a très rapidement pris des mesures d’extrême austérité pour réduire sa dette. Résultat : alors que la croissance oscillait entre 5 % et 10 % par an depuis vingt ans, elle a atteint les profondeurs abyssales de la décroissance avec – 7,58 % en 2009. La dette, quant-à-elle, faible avant le plan de rigueur (25 % du PIB en 2007) a explosé dans la même période passant à 92 % du PIB en 2010. Et on ne peut pas dire que l’Irlande vit au-dessus de ses moyens.
Le fait est que la dette, lorsqu’elle devient incontrôlable, peut être épongée par deux méthodes. La première façon d’éponger une dette est d’avoir une forte croissance, car qui dit croissance dit recettes qui permettent d’investir, d’optimiser ses dépenses, et surtout de rembourser. La seconde façon d’éponger une dette est de créer de l’inflation en créant de la monnaie. La valeur de la dette diminue ainsi automatiquement.
Le problème est que l’Europe s’est dotée de règles basées sur des postulats idéologiques libéraux qui lui interdisent ces deux méthodes. Il lui reste donc la saignée avec l’aveuglement qui consiste à penser que ça résoudra le problème. Les mesures budgétaires prises par la France jusqu’ici n’ont pas encore fait trop de mal, mais il est à penser que ce n’est qu’un début, surtout en cas de reconduction de l’équipe actuelle en 2012.
Si une politique budgétaire saine est nécessaire, ce qui se fait actuellement est suicidaire.
Données : Banque mondiale / Photo : BNF
2 Responses to “La saignée, une solution moderne !”
16 décembre 2011
MarcoCe 200ème billet est très bien
16 décembre 2011
CustinMerci beaucoup 🙂