Et si c’était lui ? Et si, à l’instar de Mitterrand ou de Chirac, sa troisième fois était la bonne ? Et si, au terme de cette campagne, François Bayrou devenait enfin Président de la République ?
Je dois avouer qu’en 2007 son discours m’avait convaincu, à la fois parce que je sentais poindre le problème de la dette dans la gestion laxiste et inégalitaire de la droite – même s’il faut reconnaître à Villepin quelques efforts en la matière – mais surtout parce que je pensais que la France était mûre pour un gouvernement de consensus et d’union nationale.
Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas : nous nous sommes tellement enfoncés dans la crise, dans un clivage dur entre la droite et la gauche, que les propositions que François Bayrou a esquissées ces derniers jours – une extrême rigueur budgétaire – me paraissent suicidaires. Son positionnement carrément libéral et beaucoup moins social qu’il y a 5 ans est très intelligent dans un contexte de rejet du candidat naturel de la droite : une fois catégorisé par les sondages comme un candidat qui peut potentiellement se qualifier pour le second tour, il pourra apparaître aux yeux des électeurs de droite déçus du sarkozysme comme une alternative tout à fait crédible.
C’est en ce sens que c’est à François Bayrou que la candidature de Dominique de Villepin peut le plus nuire, car ils chassent sur les mêmes terres et proposent globalement les mêmes solutions – même si, contre toute attente, le volet social de Villepin est plus développé que celui de Bayrou.
Désormais crédité de 13 % des voix environ dans le dernier sondage LH2, François Bayrou talonne déjà Marine Le Pen. Mais surtout, et c’est important dans les sondages, sa progression est très importante. En outre, on peut se rappeler qu’il y a cinq ans il n’avait atteint les 10 % qu’en janvier ! De quoi motiver ses troupes.
François Bayrou peut obtenir les suffrages de tous ceux qui se trouvent plutôt au centre droit de l’échiquier politique et qui ont été tentés un moment de voter Hollande : il est donc un danger à la fois pour Nicolas Sarkozy et pour le candidat du PS. En d’autres termes, ceux qui s’étaient mis à railler sa nouvelle candidature pourraient très bien ressentir un certain malaise en découvrant les résultats du 1er tour en avril 2012.
Photo MaxPPP
4 Responses to “Faire monter la sauce béarnaise”
13 décembre 2011
CyrilLa 3eme fois fut la bonne pour Mitterrand et Chirac car ils sont passés par la case 2nd tour lors de leur 2eme tentative.
C’est un peu comme se poser la question « est ce que la 3eme tentative de Besancenot aurait été la bonne » (même si je l’admets les 10% probable de Bayrou ne sont pas comparables aux scores de Besancenot)
13 décembre 2011
StevenIls étaient surtout les leaders des deux principaux partis…
13 décembre 2011
CustinJ’ose espérer que vous avez remarqué que mon argumentation ne se limitait pas au paragraphe d’introduction.
13 décembre 2011
StevenNaturellement chez Custin ! 😉