François Fillon a réédité un exercice qu’il affectionne particulièrement, celui d’annoncer à la France entière qu’il va falloir se serrer encore un peu plus la ceinture que précédemment annoncé. En effet, les agences de notation se font, à juste titre, de plus en plus de souci pour les finances de la France.
Là où tout bon citoyen peut se dire qu’il n’y a rien de scandaleux à faire quelques efforts en temps de crise, le mauvais citoyen que je suis regarde avec amertume que les efforts qu’on me demande ne sont pas à la hauteur des cadeaux qui ont été faits depuis 2007 à nombre de personnes vivant bien plus confortablement que moi et à qui on ne demande pas grand-chose, voire rien.
Le coup de rabot sur les fameuses niches fiscales annoncé par François Fillon ressemble en fait plutôt à un passage de lime à ongles sur un sommet montagneux. La suppression des dispositifs d’incitation fiscale au logement, même si elle est plus que nécessaire, n’entrera pas en vigueur tout de suite et n’aura aucun impact sur 2012. La seule mesure à impact immédiat s’attaquant à une niche fiscale concerne le relèvement du prélèvement forfaitaire libératoire – en quelque sorte, l’impôt sur les revenus du capital – de cinq points pour un total de 600 millions d’euros sur les 7 milliards d’économies annoncées.
Comme le montre l’infographie du Monde.fr, aucune mesure ne concerne les très riches, véritables gagnants du quinquennat Sarkozy. 67 % de l’effort est en fait réalisé par les ménages, par le travail, et inutile de préciser que l’effort sera beaucoup plus douloureux pour les classes moyennes et populaires que pour les classes aisées. Il faut notamment remarquer que le gel du barème de l’impôt sur le revenu va consister, pour les ménages, en une hausse d’impôts annuelle sans augmentation nécessaire du pouvoir d’achat.
L’objectif de tout ça n’était même pas caché par le gouvernement : il fallait « rassurer » les marchés. Je suis d’avis que le mot « calmer » aurait été plus approprié, étant donné que l’exercice revient plutôt pour le gouvernement, bras droit de la finance, à donner un chocolat à un enfant qui fait un caprice.
Le peuple, lui, n’ayant pas de bras, n’aura pas de chocolat.
Photo Charles Platiau, Reuters
1 réponse to “Fillon, rends ton plan !”
9 novembre 2011
CyrilJe donne un AAA à cet article, surtout pour le titre et sa conclusion.