Souvent jugé longue, fastidieuse et coûteuse en ressources, pour une utilité somme toute assez faible, la gestion budgétaire est de plus en plus remise en cause. Certaines entreprises ont même décidé de jeter leur budget à la poubelle pour adopter une nouvelle organisation basée sur des objectifs glissants calibrés sur une durée variable, de trois à cinq ans.

L’objectif d’une telle démarche est de s’affranchir d’un outil qui était peu utilisé, car rapidement obsolète et éloigné de la réalité opérationnelle. En effet, un budget est en général au moins annuel, ce qui est insuffisant pour refléter une stratégie à long terme, et bien trop long pour du pilotage quotidien. Rapidement, c’est-à-dire après quelques semaines, la réalité s’éloigne fortement du budget, et celui-ci n’est observé que pour vérifier de manière macro que les objectifs ont bien été tenus. Ensuite, le budget a l’inconvénient de se concentrer sur des éléments chiffrés uniquement, alors qu’un réel pilotage n’est pas uniquement quantitatif.

Enfin, il est assez fréquent que la réalisation du budget se transforme dans de nombreuses entreprises en la négociation pour les chefs de services du maintien de certains acquis, pas forcément justifiés, en terme d’effectifs ou de moyens. On négocie son budget, sans tenir compte de la réalité, pourvu qu’il soit au moins aussi important que celui de l’an dernier.

Pour remplacer le budget, il est donc fréquent de travailler plusieurs étapes :

1. La mise au point d’une vision stratégique à cinq ans (durée indicative), afin de voir où l’entreprise veut aller ;
2. L’identification d’objectifs stratégiques globaux liés à cette vision, et étalés tout au long des cinq à dix ans ;
3. La déclinaison de ces objectifs globaux en sous-objectifs à destination des opérationnels ;
4. La remise en cause régulière de ces objectifs en fonction de leur réalisation et de l’évolution de l’environnement ;
5. La remise à jour glissante des objectifs stratégiques pour toujours avoir une vision stratégique à cinq ans (durée indicative).

Outre les avantages qualitatifs évidents d’une telle stratégie, elle permet aux opérationnels d’être plus responsabilisés sur des objectifs concrets et intelligibles. Par contre, le passage d’une mode de fonctionnement budgétaire à un mode de fonctionnement sans budget peut être déroutant pour certains, notamment comptables ou contrôleurs de gestion, surtout s’il n’est pas mis en œuvre de manière intelligente et progressive.