Suite à l’agression inadmissible d’un agent chargé du contrôle à bord d’un train, de nombreux contrôleurs, dans toute la France, ont spontanément arrêté le travail. Cette attitude dépeint certainement un ras-le-bol généralisé dans une profession qui est souvent exposée sans protection à la colère ou l’agressivité de certains usagers.
Cet arrêt de travail a entraîné de très fortes perturbations dans toute la France avec de nombreux retards et trains annulés. Les journaux télévisés ont également montré certains usagers obligés de dormir dans des trains à l’arrêt, dans le froid. D’autres n’ont tout simplement pas pu rejoindre leur lieu de travail et on peut imaginer que certains se soient trouvés en grosse difficulté personnelle.
Face à l’attitude des cheminots, on peut hésiter entre compréhension et mécontentement. Compréhension car la libéralisation du transport ferroviaire de passagers avec son entrée en concurrence dès décembre 2011 a fait passer la SNCF d’une entreprise de service public vers une entreprise commerciale : les conditions de travail et de sécurité s’en voient donc fortement dégradées, et les usagers devenus clients voient les prix augmenter. On peut imaginer que si le mouvement est spontané et non télécommandé par les syndicats, c’est qu’il y a un véritable malaise.
Mais la paralysie occasionnée n’est pas admissible et le motif du débrayage des cheminots, le fameux droit de retrait dont dispose tout salarié, du public comme du privé, n’est pas applicable ici. En effet, pour les contrôleurs, il n’y a ni « danger grave » ni « danger imminent » pour leur vie ou leur santé : l’acte de ce déséquilibré, aussi horrible soit-il, est un acte isolé. De plus, ce retrait a été suivi d’une succession de séances de négociations entre les syndicats et la direction de la SNCF, ce qui est totalement incompatible avec le droit de retrait.
Les cheminots sont donc en grève d’un point de vue juridique, droit dont ils ont abusé puisqu’ils n’ont pas donné de préavis.
Le métier de contrôleur n’est pas un métier facile : il est mal payé, exige par nature de l’employé de se déplacer loin de chez lui en permanence, et le met désarmé face à des usagers souvent peu coopératifs. Diminuer le nombre de contrôleurs et faire accompagner ceux qui restent par un agent de sécurité armé peut-être une solution acceptable.
Photo : AMABlog
1 réponse to “Agent poignardé, usagers frigorifiés”
10 octobre 2011
Uncle Ben... non pas celui du riz !!!Je suis tout à fait d’accord avec toi. Nous ne sommes pas encore matures face à la vitesse de propagation de l’information et aux capacités de mobilisation qui y sont liées. With great power… 😉
Hmmm… en revanche : quand tu dis un agent de sécurité armé, tu veux dire armé d’une bombe lacrymogène, d’une matraque, d’un tazer, d’un pistolet ou du nouveau kit Claude Guéant qui inclut tout cela dans une seule et même arme ?