Lorsque des entreprises sont en difficulté, lors de crises par exemple, il est courant pour leurs dirigeants de décider de faire la chasse aux frais généraux. Ce terme vague rassemble toute dépense qui n’est pas directement liée à l’activité : billets d’avion, de train, hôtels, téléphone, fournitures de bureau, etc.
Souvent, d’ailleurs, les cadres dirigeants voient leur bonus en partie lié à la maîtrise de ces frais, considérés largement comme un mal car n’impliquant pas de création de richesse, contrairement, par exemple, à la formation professionnelle.
La littérature est d’ailleurs abondante sur les techniques, méthodes et moyens de réduire les frais généraux : ils sont le mal, l’argent jeté par les fenêtre, qu’il faut exterminer, ils sont à l’opposé de la productivité. Le langage policier est d’ailleurs utilisé lorsqu’on parle de ceux qui sont chargés de les éliminer : les cost killers.
Cette unanimité dans le génocide programmé des frais généraux m’a toujours parue suspecte, d’autant que vu de l’intérieur, il s’apparente bien souvent à la suppression d’avantages en nature que les salariés ont obtenus en échange, justement, de leurs efforts, de leur productivité, et pour leur bien-être – pas que les dirigeants soient foncièrement la main sur le cœur : un salarié bien dans sa tête est un salarié efficace !
Je repense au récit d’un ami dont l’entreprise connaissait une baisse de ses marges. Pour lutter contre cette mauvaise passe, la direction a décidé de donner les pleins pouvoirs aux chefs d’établissement pour lutter contre les dépenses dites inutiles. Un matin, le directeur envoie donc un courriel interne à tous les salariés leur indiquant qu’à partir de cette année, chacun n’aurait plus qu’un petit calendrier OU un petit agenda (et non les deux comme jusqu’ici). L’économie escomptée s’était élevée à 1 500 euros tout au plus, soit moins que le coût du temps perdu par l’ensemble des salariés à discuter du ridicule du courriel.
Renier sur les classes affaires, sur les frais téléphoniques, sur les fournitures induit, en plus de l’agacement provoqué chez les salariés, une baisse indéniable de la productivité et de la motivation. La recherche de l’économie à tout prix fait souvent fuir les meilleurs éléments, augmente le stress et les arrêts maladie. Autant y réfléchir à deux fois, donc.
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