Le cinéma en 3D n’a aucun avenir. Cet ersatz d’attraction autrefois cantonné aux Luna Park et autres Disneyland envahit désormais des cinémas propres sur eux, un peu à la façon dont les kikoulol ont envahi Facebook : très désagréablement.

Prenons d’abord les désagréments immédiats : c’est plus cher. Même si on a une carte à l’année qui coûte déjà bonbon, il faut payer un supplément. Tout ça pour louer des lunettes grasses que quelqu’un qu’on ne connaît pas a porté avant soi et qui ne sont même pas désinfectées. Je vois poindre le défi de santé publique. Tout ça pour se rendre compte après cinq minutes de film que les-dites lunettes ne fonctionnent pas. Alors vient le non moins désagréable moment où il faut se lever, aller à l’accueil pour n’y trouver plus personne, se rendre compte qu’il faut aller à la caisse où font la queue une centaine de personnes – des touristes qui, pour la plupart, ne parlent pas français contrairement à la caissière qui, elle, ne parle pas autre chose que le français. Bref, on abandonne, on retourne dans la salle pour reprendre le film dix minutes après là où on l’avait laissé et pour le finir avec cette image double et insupportable d’un film en 3D sans lunettes.

Et même quand ça se passe bien, quand les lunettes fonctionnent, quel cauchemar ! Si vous n’êtes pas parfaitement dans l’axe de l’écran, soit la plupart du temps, votre cerveau doit faire un effort permanent pour comprendre ce qui lui arrive. S’ensuit un mal de crâne presque immédiat pour une grande majorité des gens. Mais c’est magique, le ventre du petit gros garçon dans « Là-haut » sort de l’écran !

Bref, l’industrie du film, qui finalement s’en sort pas mal à l’heure des home cinema et des DIVx piratés qui sont disponibles avant-même que le film ne soit au ciné, se trompe si elle croit que son avenir passe par la 3D. C’est au final prendre les gens pour des cons : le cerveau est déjà naturellement assez intelligent pour interpréter correctement l’image qu’il voit. Continuez à nous vendre vos Magnum à six euros et vos pop-corn à cinq euros, et laissez-nous tranquilles !