Quand on défend un modèle économique contre un autre, on oublie souvent la finalité de la chose. La confusion est habituelle entre le but et le moyen. Alors, devinette : le but pour un pays et un gouvernement est-il de favoriser la croissance de l’économie ? Non, c’est un moyen pour atteindre un objectif : le bonheur du peuple. Entretenir la confusion, c’est mettre en œuvre des moyens contre-productifs.
Cette dichotomie se retrouve jusque dans le monde professionnel, résumée par cette question : quel est le but d’une entreprise ? La réponse à cette question dépend évidemment du point de vue duquel on se place. L’opinion de l’actionnaire est que l’objectif d’une entreprise doit être de dégager un maximum de bénéfices pour que le dividende et le cours de l’action augmentent. Celui du salarié est que l’entreprise doit être performante afin de lui fournir un emploi stable et un salaire en constante hausse. Malgré le fait qu’ils visent à la performance de l’entreprise, les objectifs du salarié et de l’actionnaire sont opposés, le salaire s’imputant sur le bénéfice.
Pour la société, la question n’est pas de savoir quel est le but de l’entreprise : elle est un moyen, parmi d’autres, de contribuer au bonheur de la population. Un moyen par les impôts qu’elle va payer directement – et en cela Total est un exemple parfait d’une grande et prestigieuse entreprise française inutile à la société française – mais également indirectement, par l’activité et les ressources qu’elle va donner à la population. Les salariés étant infiniment plus nombreux que les actionnaires, l’intérêt de la société se confond donc avec les objectifs des salariés : des entreprises performantes, qui maintiennent leur activité en France, et qui distribuent des salaires élevés.
En soi, le bénéfice d’une entreprise n’a d’autre utilité que d’attirer les capitaux dans l’entreprise. Si l’objectif principal est l’amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de vie de la population, alors la recherche du bénéfice net va à l’encontre de l’intérêt de la société. Mener une politique visant à le développer revient donc à mener une politique contre-productive pour la société. En d’autres termes, dès le moment où un gouvernement aura mis au point un moyen de mobiliser les capitaux afin d’entretenir l’activité d’une entreprise sans avoir nécessairement recours aux investisseurs privés, sa course au bénéfice net n’aura plus aucun sens.
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