L’Hadopi a lancé il y a quelques semaines une grande campagne de communication sur le thème de « télécharger, c’est mal, ça va empêcher la petite Bérénice, 8 ans, d’être un jour une grande star de la pop en 2024 » avec la mise en avant d’un label « PUR » pour les plateformes de téléchargement labellisées.
La création de l’Hadopi avait pour but de lutter contre le téléchargement illégal en mettant en œuvre des méthodes de pistage des internautes. Les pirates pris en flagrant délit de téléchargement illégal d’une œuvre de Milène Farmer seraient flashés comme un automobiliste incivil et devraient faire face à une riposte graduée, allant d’un simple courriel d’avertissement à une coupure de la connexion Internet et une amende.
Si beaucoup rappellent qu’effectivement prendre la création artistique d’autrui sans rémunération est dangereux et mal, ça n’en légitime pas pour autant l’existence de ce système, et ce pour trois raisons principales. La première est qu’un système qui pénalise uniquement les très petits délinquants, c’est-à-dire des téléchargeurs occasionnels chez eux, et qui laisse tranquille les délinquants organisés qui savent contourner les obstacles est un mauvais système. Le pirate organisé qui fait commerce de son piratage ne sera pas inquiété par l’Hadopi. La mère de famille qui a trois gamins qui maîtrisent mieux Internet qu’elle risque une coupure de sa connexion. Encore une fois, ce sont les plus faibles qui sont les premières victimes du système.
Deuxièmement, il est peu probable que l’Hadopi bénéficie aux petits créateurs à faible revenus, qui n’étaient déjà pas ou peu téléchargés. Les plus grands défenseurs de ce système sont les majors qui connaissent une crise systémique car ils n’ont pas réussi à s’adapter à cette révolution technologique. Je suis d’ailleurs effaré qu’on continue à vendre des CD. Aujourd’hui l’alternative c’est CD ou téléchargement. D’un côté on a un produit beau, complet (quoique), mais archaïque, ou de l’autre un simple fichier sans visuel, sans valeur ajoutée.
Enfin, je suis d’avis que tout système qui impose de lourdes contraintes à l’usager pour fonctionner n’a pas d’avenir. Il y aura toujours une parade à ce système. Toute réflexion qui ne prendrait pas en compte un moyen automatique, intuitif et immédiat de rémunérer les auteurs ne sera pas pérenne. Une licence globale me paraît à l’heure actuelle la seule solution.
1 réponse to “Hadopi tu t’égares !”
20 juillet 2011
vinzzzIl y a 6 ans, je passais chez Universal Music en stage…
Attiré par la musique, et l’épisode Napster m’ayant convaincu – en jeune adepte de nouvelles technos – qu’Internet allait pouvoir révolutionner la façon dont on partageait la musique, je me disais que les Majors, qui possèdent les catalogues de droit, avaient les cartes en main pour innover.
Mes 3 mois de stage – dont qq conversations avec Pascal Nègre pour qui « l’avenir [commercial] de la musique » résidait dans les sonneries pour téléphones portables (sic) – avaient suffit à balayer mes illusions sur la prétendue ‘créativité’ de ce secteur.
Sur la facilité d’usage que permettent les contenus illégaux par rapport aux contenus ‘légaux’, une image :
http://www.libwolf.com/blog/wp-content/uploads/2010/02/pirate.jpg
Sur la license globale, +1 !
Sinon, sur Hadopi, ACTA, etc… Voir les vidéos de Benjamin Bayart
(celle là par exemple : http://www.dailymotion.com/video/xf8d5n_benjamin-bayart_news)
Ce qu’il dit (entre autres, sa présentation est très intéressante)
La culture, par définition, c’est le partage.
Si on ne peut pas partager des contenus – films, musique, etc… – ces contenus n’ont alors AUCUNE valeur culturelle.
Dans le cas où les majors voudraient empêcher tout partage de leurs ‘produits’, ceux-ci ne seront plus ‘culturels’, et les majors pourront alors mourir, la culture leur survivra.