Des blogueurs ont lancé, vous le savez, une lettre ouverte appelant à l’unité de la gauche en vue de 2012. Projetons-nous en mai 2012, et voyons ce qui s’est passé, selon un scénario catastrophe, un scénario médian et un scénario idéal. Voici le scénario médian.

Nous sommes les 6 mai 2012 et l’élection présidentielle vient de se dérouler dans un climat détestable. Encore une fois, après 2002, un membre de la famille Le Pen aurait pu accéder au second tour. Tout avait pourtant commencé pour le mieux : rappelez-vous, l’an dernier, en mai 2011, un groupe de blogueurs de gauche avait lancé un vibrant appel à l’unité de la gauche.

Au départ, quelques voix chez les écologistes et au PS avaient accueilli favorablement cet appel. Mais très rapidement, des militants du Front de Gauche, et plus particulièrement du Parti de Gauche ont mitraillé l’initiative, qui est restée finalement lettre morte. L’unité ne s’est pas faite, et aucun programme commun n’ayant été négocié, c’est en ordre dispersé que l’opposition s’est présentée au premier tour de l’élection présidentielle.

La campagne, délétère, fut marquée par de fortes attaques du FDG envers le PS à tel point que plusieurs commentateurs se sont inquiétés de la possibilité de trouver un terrain d’entente entre les deux tours. Le candidat du FDG, Jean-Luc Mélenchon, ayant même déclaré qu’il n’appellerait pas à voter pour un candidat socialiste qui « fricote avec le centre ».

Le jour du 1^er tour, face à la multiplications des candidatures à gauche (trois trotskistes, un communiste dissident, un candidat FDG, François Hollande et Nicolas Hulot), les électeurs ont largement opté pour le vote utile propulsant le candidat du PS au second tour, face à Nicolas Sarkozy, arrivé légèrement devant Marine Le Pen à la faveur du désistement de dernière minute de Jean-Louis Borloo.

Entre les deux tours, sûr de sa victoire (les sondages le créditaient de 58 % des voix face à Nicolas Sarkozy), François Hollande décide de ne pas négocier les ralliements des autres candidats de la gauche. Ceux-ci sont donc forcés d’appeler à voter PS sans contre-partie.  La victoire de François Hollande est d’ailleurs acquise au soir du deuxième tour, et le Parti Socialiste exulte : après dix-sept ans de présidence de droite, la gauche revient à l’Élysée.

Porté par sa victoire et par le délitement de la droite, le Parti Socialiste obtient une très large majorité à l’Assemblée Nationale. Le Parti de Gauche, lui, n’obtient que trois sièges et décide de rester dans l’opposition, accusant le PS de mener la même politique que Nicolas Sarkozy.