Des immigrants tunisiens de la rue Botzaris à Paris se retrouvent pris en tenaille entre les secrets de l’ancien dictateur sur lesquels beaucoup en France et en Tunisie souhaiteraient jeter un voile opaque et la politique extrêmement sévère de l’administration française concernant l’immigration. Cette situation inhumaine doit nous faire réfléchir sérieusement sur la façon dont nous souhaitons considérer l’accueil des étrangers sur notre territoire.
On ne peut pas limiter cette question à une simple opposition immigration choisie – immigration subie. Il faut réellement mettre cette question en relief avec les idéaux que nous souhaitons véhiculer, et notre stratégie de développement pour les années à venir.
Nos valeurs tout d’abord, quelles sont-elles ? Sommes-nous toujours la patrie des droits de l’homme ? L’avons-nous jamais été ? Sommes-nous toujours une terre d’accueil ? L’avons-nous jamais été ? Ces questions doivent être débattues, car on ne peut pas y répondre par la positive sans adapter notre politique migratoire en conséquence. On ne peut pas s’affirmer être un pays qui accueille ceux qui souffrent alors qu’on traite de manière tout à fait scandaleuse, pathétique et catastrophiste quelques centaines de réfugiés tunisiens. Notre paranoïa croissante brouille notre message, notre image et notre réputation, qui ne sont plus en phase avec les faits. Soit on officialise le fait que nous sommes un pays fermé, soit on change de politique.
Ensuite, il est également question de stratégie. Accueillir tout le monde n’est évidemment pas possible, mais peut quand-même être un atout. Il faut évaluer les conséquences économiques, stratégiques et sociales que peuvent avoir une immigration maîtrisée et importante sur notre territoire. Il n’est pas certain que le chemin que nous sommes en train de prendre soit bénéfique pour notre pays, et c’est à l’aune des retours d’expériences d’autres pays et de la France que nous pourrons appréhender cette question. Évidemment, l’ensemble du sujet doit être considéré : il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais aussi d’intégration, d’emploi, de territorialité, et de stratégies internes de développement. Par exemple, ne serait-il pas plus judicieux d’investir massivement dans l’éducation et la justice plutôt que dans les allègements de charges pour entreprises ?
Si nous arrivons à réfléchir à l’immigration loin des préjugés paranoïaques et de la peur panique qu’elle engendre, nous aurons franchi un grand pas. Mais nous en sommes loin. 2012 sera forcément déterminant.
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