Ce n’est pas vraiment l’histoire d’une descente aux enfers. Ça ne l’est pas du tout d’ailleurs : dès le début de ce roman, l’héroïne y est déjà. Ce qui est novateur, entre autre, c’est que le lecteur est aux premières loges de cet enfer, témoin assisté d’un naufrage mental, en direct. Ève en enfer est le premier roman d’une jeune auteure, Martine Marie.
Le style est déjà assuré, maladroitement méticuleux, et terriblement efficace : on plonge dans la tête de la narratrice dès la première page, et on n’en ressort qu’à la fin. Il est donc fortement conseillé d’éviter de lire cet ouvrage dans le métro ou le bus : vous rateriez votre arrêt. Elle vous prend en otage, joue avec vous, avec vos nerfs, et ose même se payer votre tête.
Tout ça pour conter la tempête qui règne dans le cerveau du personnage principal : cette femme qui tantôt s’appelle Aphrodite, tantôt Ève, au gré de ses humeurs et des circonstances. Cette femme qui a un gros problème, et dont la thérapie consiste à vous expliquer, dans les détails, sans rien omettre, l’étendue de sa folie. Sans rien omettre. C’est pour ça que je vous préviens : âmes sensibles, s’abstenir. Elle dit tout, montre tout, explique tout, sans oublier la moindre pensée qui lui passe par la tête, le moindre geste, même déplacé, et je peux vous dire que ses pensées se succèdent à une vitesse inouïe. Elle sait tout de même s’arrêter à la frontière de la perversion, mais franchit allègrement celles de du mauvais goût et de la vulgarité, pour notre plus grand plaisir car elle le fait à bon escient.
Il est en effet heureux que, même si la quatrième de couverture le laisse entendre, le cerveau de l’auteure n’est pas aussi torturé que celui de l’héroïne. Elle maîtrise parfaitement son style, son sujet, sa narration, au point de rendre les tourments fluides, les hésitations logiques et (presque) tous les dérapages contrôlés. Vous l’avez compris, c’est mon coup de cœur du jour, que je vous invite à découvrir massivement !
Ève en enfer, de Martine Marie, disponible aux éditions Les deux encres.
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