Le gouvernement Égyptien vient de demander officiellement à l’Allemande de lui restituer un buste de la reine Néfertiti, actuellement en exposition dans un musée Berlinois. Déjà l’an dernier, l’Égypte avait publié une liste d’objets qu’elle souhaitait récupérer, dont ce même buste. Récemment, c’était la Corée qui avait obtenu de Paris la restitution de parchemins historiques.
Il est vrai que d’emblée lorsqu’on évoque le sujet, on peut penser qu’il est légitime qu’un pays dont certains trésors archéologiques ont été pillés par la colonisation européenne souhaitent un retour de leurs biens nationaux. Mais l’exercice a aussi ses limites et touche à la conception même de partage des cultures et de conservation du patrimoine mondial. J’illustrerai ceci par trois arguments.
Le premier concerne le droit de propriété de ces objets : à qui appartient un buste de Néfertiti ? Selon le gouvernement Égyptien, il appartient au peuple égyptien. J’aurais plutôt tendance à arguer qu’une telle richesse appartient à l’humanité toute entière. La population actuelle d’Égypte vit certes sur ce qui était le territoire des pharaons, mais culturellement elle n’a plus beaucoup de rapports avec l’Égypte antique.
Deuxième argument : la conservation. Durant la Révolution française, de nombreux éléments du patrimoine national ont été détruits. S’ils avaient été conservés dans un musée, au calme, à l’étranger, ils existeraient peut-être encore. Qui n’a pas gardé un œil inquiet sur le musée du Caire durant les événements de la place Tahrir ? Et quand les Anglais ont récupéré les frises du Parthénon sur l’Acropole d’Athènes, celle-ci était à l’abandon. Et je ne parle pas des Bouddhas géants de Bamiyan.
Dernier argument : le partage des cultures. Aujourd’hui, en allant au Louvre, on peut voir un échantillon de ce qui fait la culture du genre humain. Si demain, chaque pays récupère les éléments originaires de son aire géographiques, l’accès au patrimoine mondial sera beaucoup plus difficile. Faire le tour du monde des musées n’est pas accessible à toutes les bourses !
Partageons nos richesses, nos trésors, et mettons-les en sécurité et accessibles à tous, que le monde s’ouvre aux cultures et qu’il conserve son patrimoine. Le nationalisme tue l’histoire.
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