La nauséabonderie est à la mode ces derniers temps. C’est même quasiment devenu obligatoire pour avoir la chance d’être ministre. De fait, si t’as pas ta condamnation pour racisme t’es has-been. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser à première vue, ceux qui s’adonnent à ce genre de pratique ne le font pas free style, mais suivent quelques règles bien établies et certains éléments de langage bien rôdés.
Tout d’abord, ce petit milieu tourne en vase clos et adore se qualifier en opposition de ceux contre qui ils luttent. Ainsi, ils se diront « mal-pensants » par contraste avec les « soi-disant bien-pensants ». Ils se diront « populaires » voire oseront « populistes » face à ceux qu’ils qualifieront de « gauche bourgeoise » ou de « milliardaires de gauche ».
Bien qu’ils crient au complot et au bâillonnement, il suffit d’allumer sa télé ou sa radio pour les entendre vociférer leurs horreurs, d’un ton convaincu et définitif, la tête haute, comme s’ils énonçaient l’évidence. En face d’eux, bien souvent, le journaliste heureux d’avoir eu son buzz passera à la question suivante sans mettre l’invité en face de ses contradictions.
En fin de compte, il arrivera toujours que ces néo connards aillent trop loin. Attention, là aussi, la limite est à géométrie variable et a tendance à évoluer toujours vers le pire. Une petite phrase carrément répréhensible, et c’est l’assignation en justice, le procès, puis la condamnation, au cours de laquelle le condamné trouvera une parfaite tribune pour dénoncer les « attaques contre la liberté d’expression ». Lorsqu’il sera vraiment allé trop loin, le tribun raciste pourra toujours user d’un artifice qui a l’air de toujours fonctionner : celui de l’humour. « C’était pour rire, je vous jure ». Dans ces cas, il est toujours utile de citer une caution populaire toujours vivace dans l’esprit des gens, du style : « Si vous écoutez les sketches de [Coluche, Desproges, Les Inconnus, Les Nuls, Le Lurron au choix], ils allaient beaucoup plus loin ! ».
Dernier astuce : si les excuses de la liberté d’expression et de l’humour ne fonctionnent pas, il vous reste une dernière chance : plaider la bêtise. C’est toujours mieux que de passer pour un gros con.
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