D’un point de vue institutionnel, la France reste traumatisée par le « Régime des partis » qu’a caractérisé la Quatrième République, ce qui a pour effet de fortement limiter le nombre de partisans d’un scrutin proportionnel pour l’Assemblée nationale. En effet, celui-ci serait synonyme de morcellement des partis et de pays ingouvernable.
Le mode de scrutin majoritaire a longtemps été utilisé en France, notamment de manière quasi exclusive pendant la Troisième République. S’il est évident qu’aucun mode de scrutin n’est idéal, il faut tout de même reconnaître que le scrutin majoritaire à deux tours n’a pas empêché la dramatique instabilité gouvernementale qu’a connu la Troisième. De même, avec un scrutin proportionnel, on a vu que pour la législature actuelle, l’UMP aurait quand-même obtenu la majorité absolue des sièges.
En fait, s’il n’y a pas d’instabilité gouvernementale dans la Cinquième République, force est de constater que depuis au moins 1988, les gouvernements ont du mal à durer. De même, sauf en 2007, les majorités ont été systématiquement renversées législative après législative depuis 1981. Se faire succéder les alternances, avec des lois votées puis abrogées, des mesures construites puis déconstruites, des grandes réformes annulées n’est peut-être pas l’idéal pour qu’un pays se développe paisiblement. On peut également constater que bien souvent la majorité en place se retrouve fortement impopulaire au bout de quelques mois, et ce de manière chronique, quelle qu’elle soit – sauf peut-être la gauche plurielle entre 1997 et 2002, ce qui ne l’a pas empêché de perdre les élections.
Alors parler de la Cinquième République et de son mode de scrutin comme d’un modèle absolu de stabilité n’est pas juste. Et à mon sens, ajouter une dose de proportionnelle ne changera pas grand chose : on retrouvera systématiquement au pouvoir une très forte majorité jouissant des pleins pouvoirs, mais ayant été élue par une minorité d’électeurs.
Sans entrer dans les détails, à vouloir copier nos cousins allemands, je suggère qu’on se penche sur leur mode de scrutin. Il a l’avantage d’empêcher la multiplication des partis en nécessitant un minimum de voix au niveau national (5 % en l’occurrence), il permet des majorités en phase avec le vote populaire et donc mieux acceptées par la population, et laisse aux citoyens l’opportunité de choisir qui ils envoient à l’Assemblée via un système mixte.
2 Responses to “Mode de scrutin : pourquoi ne pas copier les Allemands ?”
13 mai 2011
Romain / VariaeLe vrai problème du scrutin proportionnel est qu’il permet de constituer des listes d’apparatchiks hors sol, sans grande légitimité. Ce n’est pas un obstacle rédhibitoire mais c’est à prendre en compte.
13 mai 2011
CustinDes solutions de panachage existent dans de nombreux pays. Les allemands choisissent également la moitié des sièges au scrutin nominal tout en maintenant au global une répartition proportionnelle des sièges. Bref, je ne pense pas que ce soit un obstacle. Au contraire !