Entendue ici ou là, la croyance dans la possibilité d’une cohabitation en 2012 ne tient pas la route une seconde. Pour se rassurer quant aux chances de victoire de Nicolas Sarkozy en 2012 face à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, certains à gauche seraient tentés de relativiser en clamant que, quand bien même le Président serait renouvelé dans ses fonctions, il ne pourrait pas réunir de majorité aux législatives.

C’est à mon avis une pensée très dangereuse, un pari sur de l’inédit : jamais dans la Cinquième République le Président n’a manqué la majorité aux législatives qui ont suivi. L’argument le plus cognant en faveur d’un tel scénario est que la seule chance pour Nicolas Sarkozy de gagner l’élection présidentielle est de se retrouver face à la candidate du FN au second tour. Or, dans ce cas, il serait élu grâce à l’effet repoussoir du parti d’extrême droite, mais pas du tout par adhésion. Un peu comme Chirac en 2002, mais avec un capital antipathie très élevé. Ainsi, aux législatives suivantes, logiquement, les Français ne devraient pas lui donner de majorité.

Ce scénario ne tient pas une seconde. Premièrement, si on se rappelle de 2002, Chirac, malgré le fait qu’il a été élu majoritairement par la gauche, a obtenu une très large majorité aux législatives qui ont suivi qui ont vu la gauche perdre 142 sièges. Sans aucune exception dans la Cinquième République, les coalitions présidentielles ont toujours été portées au pouvoir. Les seules cohabitations sont d’ailleurs arrivées en cours de mandat, à des moments où le Président était affaibli par une popularité en berne : ce type de législatives devrait rester très exceptionnel avec le quinquennat. Bref, les Français donnent une majorité pour gouverner au Président fraîchement élu.

Il ne faut plus se faire de fausses illusions au risque d’être fortement déçu : la seule façon d’évincer Nicolas Sarkozy et son équipe du pouvoir est d’éviter sa réélection en 2012. Et la seule façon d’éviter qu’il ne soit réélu est que la gauche se retrouve au second tour. Ceci n’est possible que si elle ne part pas divisé, car les chances de voir le FN prendre la deuxième place sont immenses. Seule l’union dès le premier tour est envisageable. La seule option possible pour l’opposition est un programme commun de gouvernement à élaborer de suite. Au boulot !