Lors d’un questions / réponses organisé sur Twitter, François Bayrou, président du Mouvement Démocrate a rappelé son attachement à l’ajout d’une dose de proportionnelle à l’élection législative, parlant de 25 % par exemple. Que se serait-il passé si nous avions eu ce mode de scrutin lors des dernières législatives en 2007 ?
Beaucoup se réfèrent au modèle allemand qui est largement proportionnel. Pour résumer, en Allemagne, chaque électeur vote deux fois. Une première fois pour un parti, et une deuxième fois pour une personne dans chaque circonscription. Au final, chaque parti obtient un nombre de sièges correspondant à son nombre de voix, on a donc ce qu’on appelle un scrutin proportionnel personnalisé.
Sur les simulations qui viennent, j’ai volontairement regroupé les partis en 6 blocs : Extrême gauche (LCR, LO, PT,…), Gauche plurielle (PCF, PS, Verts, PRG, DVG), Modem, Majorité présidentielle (Nouveau Centre, UMP, MPF), Front National et Divers.
Voici en nombre de voix les résultats de ces six blocs, et en-dessous leur nombre de sièges obtenus.
On voit donc qu’avec 7,6 % des voix, le Modem n’a obtenu que 3 sièges soit 1 % des sièges. A contrario, la majorité présidentielle a obtenu 46 % des voix et 60 % des sièges. Une telle distorsion est évidemment due au mode de scrutin qui favorise les gros partis et élimine ceux qui ont leur électorat dilué.
Voyons maintenant comment se répartiraient les sièges dans le cas d’un modèle proportionnel à l’allemande.
On comprend mieux le combat du Modem : troisième force politique en voix, celui-ci aurait obtenu une cinquantaine de sièges. Le FN et l’extrême gauche n’auraient toujours pas pu entrer à l’Assemblée ayant obtenu moins de 5 % des voix. La majorité présidentielle passe à 51% des sièges : tout juste la majorité absolue.
Enfin, voyons ce qu’il en serait avec la proposition du Modem d’avoir 25 % de proportionnelle.
La gauche restant au même niveau de députés, la seule variation aurait été le transfert de 12 députés de la majorité présidentielle vers le Modem. Très peu d’impact donc.
On le voit donc, contrairement aux idées reçues, la proportionnelle n’aurait pas entraîné d’impossibilité de gouverner, la majorité gardant la majorité. Elle aurait simplement corrigé une anomalie qui fait que le troisième parti n’a pas obtenu plus de 3 sièges. Il est aussi clair que ces simulations ont leur limite : l’attitude des partis et des électeurs n’aurait pas été la même évidemment !
2 Responses to “Simulation : les législatives de 2007 à la proportionnelle”
1 avril 2011
ModemMerci pour ce travail d’analyse très intéressant suite à la twinterview d’hier.
12 mai 2011
Mode de scrutin : pourquoi ne pas copier les Allemands ?[…] Le mode de scrutin majoritaire a longtemps été utilisé en France, notamment de manière quasi exclusive pendant la Troisième République. S’il est évident qu’aucun mode de scrutin n’est idéal, il faut tout de même reconnaître que le scrutin majoritaire à deux tours n’a pas empêché la dramatique instabilité gouvernementale qu’a connu la Troisième. De même, avec un scrutin proportionnel, on a vu que pour la législature actuelle, l’UMP aurait quand-même obtenu la majorité absolue des sièges. […]