Je l’avais déjà testé le mois dernier et j’en avais dit tout le bien que j’en pensais. Je le rachète ce mois-ci et je me dis que j’ai trouvé là un mensuel qui vaut tout le bien qu’on peut en dire !

Il s’agit de Rue 89, le Mensuel, édité par le site d’information en ligne Rue 89. Il propose une information que l’on aura rapidement tendance à considérer comme décalée. Mais c’est aller un peu vite en besogne tant ce terme a été utilisé à tort et à travers pour à peu près tout et n’importe quoi. D’ailleurs, être décalé ne veut rien dire d’autre qu’être différent de ce qui est conventionnel. Je vais donc être plus précis : je trouve que Rue 89 le mensuel se lit comme un roman.

Page après page, je reste plongé dedans. Le style me va, le rythme me va, les sujets me vont, et surtout la façon dont ils sont traités me vont. Je me souviens que lorsque j’étais au lycée ou en prépa, on nous incitait à regarder Capital sur M6 pour s’informer. Aujourd’hui je me dis que les profs qui nous conseillaient ça devaient bien se garder de jeter un œil à cette émission, sinon ils auraient su qu’à chaque visionnage nous devenions, nous étudiants, encore un peu plus débiles que nous étions auparavant. La voix off nasillarde qui articule chaque mot jusqu’à l’apoplexie, et les sujets qui tournent invariablement autour des phénomènes à la mode (mais quand ils ne sont plus à la mode), de la prostitution, de la drogue et du commerce international.

Rue 89, le Mensuel, c’est tout l’opposé. On traite de la drogue, mais c’est pour plonger dans la vraie vie d’un dealer comme si on y était. Pas de racolage, que du vrai, raconté de manière prenante, parfois bouleversante. On revit les révolutions arabes et on se souvient des vendredis soir où on regardait Al Jazeera, fébrile, attenant l’annonce du départ du dictateur. On y trouve aussi des idées, on y parle de choses que les autres mensuels ou hebdomadaires occultent car ce n’est pas vendeur. Mon avis est que tout sujet est vendeur si on sait en parler. C’est donc décidé : je m’abonne.