Après avoir parlé pendant les premières années du mandat de Nicolas Sarkozy d’hyper-présidence, les commentateurs se sont mis à évoquer le fait que François Fillon était devenu un hyper-Premier-Ministre. Certains ont même osé parler de cohabitation après le remaniement du mois de novembre.
Cette période de grâce pour le Premier-Ministre est très certainement liée à l’écart abyssal entre sa cote de popularité et celle du Président perdue quelque part dans la fosse des Mariannes. Cela dit, dès qu’il s’est décidé à se mettre en avant, celle-ci a fondu rapidement. Le terme d’hyper-Premier-Ministre est également lié à la tradition journalistique et politique française qui cherche à tout prix un meneur, un homme providentiel à toute situation. Celui-ci est en temps normal logiquement le Président de la République. Mais quand celui-ci est affaibli, la place ne peut pas rester longtemps vacante, la nature ayant horreur du vide.
Lors du remaniement de ce week-end, un fait important est à rappeler : le Premier-Ministre n’a absolument rien maîtrisé, et personne n’a même songé à faire en sorte que ça ne se voit pas. Selon Nicolas Domenach de Marianne, François Fillon a même été prévenu après Alain Juppé de sa nomination au Quai d’Orsay. Un tel désaveu va certainement signifier que ce dernier est devenu le nouvel homme fort de la République, jusqu’au prochain scandale ou la prochaine déroute électorale qui mettra en lumière un remplaçant d’un autre calibre, dira-t-on.
Reste qu’il paraît très difficile de se faire une idée du degré de solidité de ce Gouvernement. En 2007, Alain Juppé devait en être la clef de voûte, mais sa défaite aux législatives et quelques déboires judiciaires l’ont envoyé en pénitence à Bordeaux pendant quelque temps. Nous voilà donc revenus trois ans en arrière. En trois ans, le Gouvernement a donc gardé le même Premier-Ministre, ce qui vu de l’extérieur pourrait plaider pour une grande stabilité. En effet, la longévité à ce poste de M. Fillon est assez rare en Cinquième République. Lors de son second septennat, François Mitterrand avait plutôt l’habitude de limoger le locataire de Matignon avec tout le gouvernement. Mais le fait est que ce remaniement est le dixième en quatre ans et le quatrième en un an. Un record absolu qui nous donnera matière à encore disserter !
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