Depuis le début de l’année, le monde arabe est en ébullition et déjà deux dictateurs sont tombés. Cet élan de démocratie doit beaucoup à l’utilisation des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, au point que certains pays autoritaires bloquent ces sites. Il est vrai que c’est par eux qu’un certain nombre d’actions ont été coordonnées, comme des manifestations ou des appels à la désobéissance civile.
Tout cela ne doit pas faire oublier que ces réseaux sont des sociétés commerciales à but lucratif, régies par les lois de leurs pays respectifs, c’est-à-dire en très grande majorité les États-Unis et plus particulièrement la Californie. Cela implique qu’elles n’ont pas ou très peu de comptes à rendre sur l’utilisation des données personnelles de leurs utilisateurs.
Si on a beaucoup parlé du problème de la transmission de ces données à des tiers pas toujours bien intentionnés, on parle peu de la conservation des données et de l’accès au service. Une affaire récente est symptomatique de l’arbitraire qui règne sur ces sites : le compte Facebook d’un artiste danois, Frode Steinicke, a été désactivé sans autre forme de procès ni préavis. La faute commise par le dangereux personnage a été de mettre en guise de profil l’Origine du monde du peintre Gustave Courbet qui comme chacun sait, présente une moule en gros plan.
Cette politique de désactivation existe sur la quasi-totalité des réseaux sociaux et n’est soumise à aucune loi, aucune décision de justice, aucune conciliation. Après une dénonciation, qui peut être infondée, votre blog, votre compte e-mail, votre compte Twitter, Facebook peut être supprimé sans que vous n’en soyez informé au préalable.
Quand des sociétés indépendantes prennent une telle ampleur dans nos vies, en gérant notre messagerie, notre communication, notre agenda, ne serait-il pas envisageable qu’elles travaillent aient les devoirs et responsabilités vis-à-vis de leurs utilisateurs qu’ont les sociétés dépositaires du service public ? France Télécom, La Poste, EDF ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent, ils ont des obligations d’information, de continuité de service, et ne peuvent pas empêcher l’accès aux citoyens sans décision de justice. Le Parlement européen a reconnu que le Net était un droit fondamental. Il est peut-être temps d’y penser pour protéger les Internautes.
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