Avec sa nouvelle formule, le site 365mots.com vous proposera de temps en temps une semaine à thème. Cette semaine, avec le remaniement annoncé hier par Nicolas Sarkozy, nous vous proposerons des articles d’analyse politique.

Médiatiquement, tout a commencé le 11 janvier 2011 lorsque Michèle Alliot-Marie, lors de la séance des questions à l’Assemblée nationale, propose le « savoir-faire » des forces de sécurité françaises à la Tunisie. Cette grave erreur d’appréciation sur la situation dans le pays était étonnante pour une personne y ayant passé quelques jours de vacances en compagnie de proches du régime. Il aura donc fallu 47 jours pénibles de mensonges, de propos contradictoires, de scandales à répétition, de soupçons de malversations, et de couleuvres avalées de la part de ses soutiens politiques pour que MAM démissionne. Ou plutôt, pour que MAM se fasse démissionner.

Entre-temps, le prestige déjà érodé de la France sur la scène internationale a complètement disparu, et des diplomates, sous couvert de l’anonymat, renvoient une image de délabrement avancé de la diplomatie française. Côté amour propre, il ne fait pas bon être dans le camp présidentiel en ce moment. Les ministres et chefs de la majorité se sont relayés pendant plus d’un mois dans les médias pour affirmer leur soutien à MAM, comme des René la Taupe qui claironneraient qu’elle est si mignonne.

C’est donc Alain Juppé qui la remplace. Nous avons eu l’occasion par le passé de voir M. Juppé en pareille position, mais c’était dans des circonstances tout à fait différentes. Tout d’abord, le Président était François Mitterrand. À ce titre, les prérogatives du Ministre des Affaires étrangères étaient fortement limitées. Il parvient quand-même à faire accepter une intervention militaire française au Rwanda en plein génocide contre les voix réticentes de son camp qui craignaient que la France se fasse accuser d’ingérence coloniale – le même discours prudent que tient Nicolas Sarkozy aujourd’hui au sujet d’une intervention en Libye. Il agit également en faveur de la paix Israélo-palestinienne, devenant un des ministres des Affaires étrangères les plus appréciés de la Vème République.

Il sera intéressant de voir quelle sera la marge de manœuvre de M. Juppé dont les considérations politiques ont souvent été en franche opposition à celles de M. Sarkozy. Va-t-il s’affirmer comme un grand Ministre ou va-t-il s’effacer devant l’agitation présidentielle comme l’ont fait ses prédécesseurs Kouchner et MAM ?