On dit souvent que le Français est râleur. C’est ainsi, paraît-on, qu’on le reconnaît, lorsqu’on est à l’étranger. Mais généraliser, c’est mal. Beaucoup de Français râlent, c’est sûr. Certains disent que c’est parce que nous sommes exigeants, et que l’imperfection nous révolte. C’est peut-être vrai, mais j’en suis persuadé : il y a parmi nous des gens vraiment plus aigris que la moyenne, d’un mauvais fond, des pisse-vinaigres, des mal baisés, des acrimonieux.
Si nous menons une petite enquête sur ce genre d’individus, il faut se demander où on peut les trouver ? Où se rassemblent-ils ? Où crachent-ils leur venin publiquement ? Quelle est leur agora ? Eh bien j’ai trouvé ! Ces vils personnages ont une passion : commenter et déverser leur fiel sur les pages de commentaires des articles du Figaro.
En général, quand un article à enjeu politique ou sociétal est publié sur le site du Figaro, il ne faut pas attendre longtemps pour apercevoir les premiers postillons. Un exemple : le Figaro fait une mise à jour sur la situation dans les pays arabes, sujet ô combien intéressant pour nos amis. Il ne faut pas lire beaucoup de messages pour sentir le premier souffle d’une haleine nauséabonde. Ainsi, un premier commentaire aux manifestations qui secouent l’Algérie renvoie à la menace islamiste : « Le FIS est à l’orée du bois pour prendre le pouvoir que Bouteflica lui avait refusé en 1995 ». Au-delà de la très forte approximation historique, ce commentaire écrit par quelqu’un qui doit ressembler à cet homme au physique ingrat qui lisait Rivarol dans le métro n’est qu’un exemple parmi beaucoup du même genre.
Deuxième exemple sur un article très « La France a peur » : des Tunisiens chercheraient à atteindre clandestinement la France. Énormément de commentaires, dont voici un échantillon (j’ai corrigé volontairement les fautes de Français, car je ne les supporte pas) :
Nadine Nemouk : Salam arlekoum aux révolutionnaires Tunisiens, bienvenue dans la France multiculturelle. Les Français manquaient de main d’œuvre pour bâtir les mosquées financées par les contribuables après l’abrogation de la loi de 1905.
Bref, si vous voulez comprendre à quoi correspond la misère du monde, si vous voulez vous représenter le vomi retranscrit par des mots, allez faire un tour sur ce rendez-vous des tristes sires.
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