Divagations, épisode 3
« Montez ! » lui cria quelqu’un de l’arrière du véhicule. C’était une Peugeot 607 noire aux vitres teintées, avec chauffeur. L’homme le héla une nouvelle fois. Antoine se demandait bien qui pouvait vouloir lui parler à une heure aussi tardive, et surtout à cet endroit-là. Méfiant, il s’approcha néanmoins en essayant de dévisager l’inquiétante silhouette qui lui demandait d’approcher.
« Montez je vous dis, j’ai des choses à vous montrer. Allez, venez !
– Mais vous êtes qui ? Et pourquoi vous me suivez ? Comment avez-vous su que j’étais là ?
– Peu importe, montez. Ne craignez rien, je suis dans votre camp.
– Mon camp ? Mais quel camp ???
– Vous avez de gros problèmes mon ami, alors montez bon sang ! »
Quelques secondes d’hésitation supplémentaire et il se décida à monter à l’arrière de la berline française. Après tout, le ton et l’insistance de l’homme avaient titillé sa curiosité. Assis à l’intérieur de la voiture, il reconnut un homme qu’il n’avait pas vu depuis des années, mais qu’il n’avait jamais oublié. Il s’appelait Tony Ransas, mais tout le monde le surnommait l’Arnaqueur. Il avait en effet gagné la sale réputation de rouler tout le monde dans la farine, et son passé obscur à la DGSE n’y était pas pour rien.
« Très bien, Antoine. Je vois que vous me reconnaissez. On peut d’ailleurs se tutoyer si ça vous chante.
– On va rester sur le vouvoiement. Je ne suis pas encore à un stade où on tutoie l’improbable.
– Toujours aussi marrant mon petit Antoine, comme vous voudrez. J’en viens aux faits : votre projet de roman, il faut l’abandonner.
– Comment ça mon projet de roman ? Et qui vous a dit que j’envisageais d’écrire un roman ?
– Tout le monde le sait, vous êtes surveillé mon vieux vous savez ? Nombreux sont ceux qui ont cru déceler en fil rouge dans vos poèmes un pamphlet contre le gouvernement. »
C’était en effet une thèse qui avait été avancée, mais qu’il avait toujours démentie. Ce qu’il s’empressa de faire encore une fois pendant que l’Arnaqueur faisait signe au chauffeur de démarrer.
« Où allons-nous ? demanda Vincent.
– Ça va vous plaire : à la Villa de Montmorency ! »
No Responses to “Divagations – Arnaqueur (3)”