Ah une bonne petite révolution comme ça avant d’aller se coucher. Il y a de ces soirées comme celles de ce vendredi 28 janvier 2011 où le monde entier regarde dans la même direction, fébrile, alors que l’histoire se déroule sous ses yeux. Ça devait quand-même être chiant de vivre avant que les médias globaux instantanés existent. Il fallait plusieurs mois pour faire une révolution, les dictatures – on appelait ça des monarchies de droit divin à l’époque – régnaient pendant des siècles. Aujourd’hui c’est plus instantané.
« Le vendredi, c’est démocratie ». Lu sur Twitter
Le monde arabe est en pleine ébullition, le reste de la planète retient son souffle. Une excitation positive transparaît des réseaux sociaux, c’est le type de soirée où on se dit que le lendemain le Monde sera un peu plus adulte que la veille. Cette année 2011 commence par quelque chose que personne n’aurait imaginé fin 2010.
Je me souviens avoir ressenti ce même type de sentiment d’excitation lors des attentats du 11 septembre 2001. L’événement était évidemment négatif, le chaos l’emportait, l’événement mondial annonçait des jours sombres, très sombres. Mais il y avait le même sentiment de vivre l’histoire, de la palper, de sentir que d’autres, beaucoup d’autres regardaient de l’autre côté de l’Atlantique.
La nuit avance, Al Jazeera continue à montrer en boucle le discours d’un dictateur à l’agonie et des images des rues agitées du Caire, et déjà le Figaro s’interroge sur l’après Moubarak : risque-t-on de voir un régime intégriste se mettre en place en Égypte ? J’ai même entendu un journaliste du Figaro Magazine sur RTL craindre une vague d’immigration en France suite à la chute du gouvernement égyptien ! Il y en a vraiment qui ne perdent pas de temps.
Bon c’est vrai qu’il en faut toujours pour gâcher les fêtes, alors espérons que ces rabat-joie et ces peine-à-jouir verront leurs positions une à une contredites. Le monde regarde dans la même direction, celle des peuples qui enfin se soulèvent. C’est beau, et ça mérite d’être respecté. Les années 2000 ont marqué un recul de l’initiative populaire, les années 2010 marqueront peut-être son retour. C’est le moment de s’en réjouir, pas de le craindre.
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