C’était le 30 juillet dernier à Grenoble. Le chef de l’État y faisait un discours au lendemain de violences qui avaient secoué la ville. Au cours de ce discours il condamnait fermement les événements qui venaient de se passer, puis proposait diverses solutions pour que ça ne se reproduise pas : nouveau préfet, beaucoup de policiers, caméras de vidéosurveillance, étendue des peines planchers aux non multirécidivistes, peine de 30 ans incompressibles pour les assassins de flic ainsi que ce qui a fait grand bruit : déchéance de la nationalité.
La typologie d’un discours de Nicolas Sarkozy est facile à comprendre. Premièrement, il parle à nos instincts les plus primitifs, bombe le torse en montrant qu’il n’a pas peur de le dire, « sans tabou » en prenant ses « responsabilités ». Il montre qu’il est quelqu’un de courageux à qui on peut remettre son destin entre les mains.
Deuxièmement, il distille quelques mesures choc qui interviennent en général immédiatement après un fait divers traumatisant : un chien qui bouffe un bébé, un policier qui se fait tuer, une usine qui va fermer, etc. Les esprits sont marqués, il montre qu’il est réactif et plein d’idées pour que « plus jamais ça ». Cette manie a quand-même l’inconvénient de multiplier les lois successives qui ont bien souvent l’inconvénient d’être inapplicables. L’avantage est que ça lui permet de cristalliser un électorat bien ciblé à chaque fois.
Troisièmement, il appuie ses mesures par quelques exemples bien choisis, souvent extrêmes, qui ne peuvent qu’apporter une adhésion de l’auditeur. Exemple : condamner les parents lorsque les enfants commettent une infraction. Stupeur dans la salle. Puis vient l’exemple illustrateur : « Quand […] je vois qu’un mineur de 12 ans ou de 13 ans, à une heure du matin, dans le quartier d’une ville lance des cocktails Molotov sur un bus qui passe […] ». Adhésion dans la salle.
Pour résumer, il s’agit d’une vieille technique qui tient en cinq étapes :
- Un auditoire est traumatisé
- L’orateur se présente en sauveur fort et courageux
- L’orateur donne ses solutions, facilement compréhensibles
- L’orateur les illustre avec des exemples incontestables
Ceux qui ne sont pas conquis par le raisonnement s’offusquent. Mais dans tous les cas, le débat est lancé.
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