Il y a quelques années, en 2005, je revenais d’un séjour de deux semaines à Djerba en Tunisie, et je publiais sur mon blog de l’époque (aujourd’hui mort) mes impressions sur mon court passage dans ce pays. L’article s’intitulait « Ma première fois dans une dictature ! » Certains lecteurs s’étaient offusqués de ce jugement et du caractère un poil provocateur de l’article. D’autres non. Le voici un peu remanié pour tenir dans les 365 mots réglementaires.

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Je suis enfin allé dans une dictature ! Ça faisait longtemps que ça me démangeait, ça  y est, c’est fait ! J’étais un peu comme un paysan du Berry qui monte pour la première fois à Paris, ou comme un enfant qui va pour la première fois chez Disney : j’étais tout excité !

Faut dire qu’on m’a longtemps mis l’eau à la bouche avec les dictatures. Dans ma jeunesse, j’étais fasciné par l’Union soviétique : son architecture caractéristique gris sur fond gris, sublime ! je voulais traverser le Rideau de Fer. Et je suis toujours subjugué par la beauté des autoroutes à deux fois huit voies complètement vierges de voitures de Pyongyang.

Des esprits grincheux diront que je n’ai pas choisi la dictature la plus méchante du monde. C’est vrai qu’au premier abord la Tunisie – puisque c’est là que je suis allé – n’a pas la gueule d’une dictature type : ouverte au tourisme, les douaniers sont sympas, on peut s’y balader sans trop rencontrer de milices présidentielles. Mais à y regarder de plus près, il y a quand-même quelques indices qui ne trompent pas, et pas seulement le fait que les serveurs du Club Med font la gueule.

Prenez l’aéroport de Djerba : immense, avec de grandes photos du Président Ben Ali, qui a quand-même avec grandeur évité tout candidat adverse aux élections présidentielles jusqu’à 1999 ! Et encore, même avec des opposants pour qui les citoyens peuvent librement voter, il n’a jamais eu moins de 90 % ! Même Chirac n’a pas fait mieux, c’est dire !

Bref, là bas, les gens sont heureux, ils aiment leur Président, et même les plus gauchistes des journalistes n’ont aucune critique à émettre contre lui. Un bel exemple pour notre pauvre France !