L’INSEE vient de publier le niveau de croissance réalisé par notre pays en 2012 et qui s’élève à… 0%, comme un yahourt allégé. Cette publication fait éclater au grand jour un problème qui devient récurrent, et qui, s’il n’est pas pris à bras le corps par nos gouvernants, va un jour s’imposer à nous sans que nous l’ayons préparé. Nos économies occidentales sont engagées dans une fuite en avant remplie de paradoxes, et la nature a horreur des paradoxes.

Le budget présenté l’an dernier par le Gouvernement est typique de tous les budgets présentés depuis des décennies : il part du postulat que le moteur du développement humain de notre pays est la croissance. Il table sur des objectifs de 2 à 2,5 % de croissance pour tout le quinquennat. Or, depuis les années 80, la croissance n’a jamais dépassé en moyenne sur une décennie les 2,5 %. Pire, depuis les années 90, elle ne dépasse même pas les 2 %.

La croissance à 2 % hors de portée ?

À vrai dire, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons connu deux paliers de croissance : une première période, appelée Trente Glorieuses, où la croissance moyenne annuelle s’établissait autour de 4 % l’an ; une seconde période, après le choc pétrolier, et jusqu’à l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000, où elle s’élevait à 2 % l’an en moyenne. Depuis, il semble que nous ayons atteint un troisième palier, où elle oscille autour de 1 % l’an. Dans ce contexte, continuer à mener des politiques sans réelles réformes structurelles dans l’espoir d’un retour aux 2 % habituels est suicidaire, mais il semble que ce soit là l’ambition du Gouvernement : attendre un retour à une normale qui ne l’est plus.

Pendant ce temps-là, nos entreprises, sous la pression de leurs propriétaires, recherchent toujours des taux de rentabilité adaptés à des pays en pleine expansion, mais certainement pas à la vieille Europe, au prix de lourds sacrifices sur leur pérennité économique et sur la santé publique. Lorsque les centres décisionnaires de nos entreprises ne sont plus basés sur notre continent, mais sont globalisés, il est peut-être temps de décider de reprendre la main sur notre avenir, en mettant en place une gouvernance d’entreprise adaptée à nos besoins.